Joey, c’est un peu comme si on avait pris l’un des personnages les plus attachants de Friends, Joey Tribbiani, et qu’on l’avait catapulté à Los Angeles pour lui donner sa propre série, en espérant qu’il puisse voler de ses propres ailes. Le problème ? Joey, sans ses potes de New York, c’est un peu comme un avion sans moteur : il décolle à peine, se traîne dans les airs, puis finit par s’écraser dans une mare de blagues qui font sourire... parfois, mais qui laissent surtout un goût de déjà-vu et de raté.
L’idée de base ? Joey quitte Manhattan pour s’installer à Los Angeles, histoire de percer dans sa carrière d’acteur. Le pitch fait rêver : des castings, des auditions, des rencontres hollywoodiennes improbables. Sauf que très vite, on réalise que l’essence même de Joey — son côté candide et son humour de gros nounours un peu idiot — ne fonctionne pas si bien en solo. Ce personnage qui brillait par ses répliques simples et son sens du timing dans Friends se retrouve soudainement propulsé au centre de l’attention, et sans le soutien de ses cinq compères, il devient… un peu fade.
La série essaie tant bien que mal de recréer une dynamique avec de nouveaux personnages, mais c’est là que le bât blesse. On nous présente Gina, la sœur excentrique de Joey, et Michael, son neveu surdoué et maladroit. Gina est une caricature ambulante de la « femme forte » au caractère bien trempé, tandis que Michael, joué par Paulo Costanzo, semble être là uniquement pour faire ressortir le contraste entre sa geekitude maladroite et la coolitude naïve de Joey. Sauf que cette dynamique familiale ne décolle jamais vraiment. Les tentatives de créer des moments de comédie avec eux tombent souvent à plat, et on se retrouve à espérer qu’un des personnages de Friends débarque pour sauver la situation… mais ça n’arrive jamais.
Côté humour, Joey peine à trouver sa voie. Alors que dans Friends, Joey pouvait se permettre d’être la touche légère au milieu de situations plus complexes, ici, c’est lui qui doit porter l’intégralité de la comédie. Et franchement, ça se sent qu’il lutte. Les blagues sont souvent basées sur son ignorance ou ses maladresses, et si ça faisait mouche dans un contexte d’ensemble, ça devient rapidement répétitif quand c’est tout ce que la série propose. Les situations comiques manquent cruellement de profondeur, et même les dialogues, autrefois la force de Joey, deviennent prévisibles et manquent d’étincelles.
Visuellement, la série fait tout ce qu’elle peut pour recréer un cadre cool à Los Angeles. Joey vit dans un appartement spacieux, côtoie des voisins sympas, et essaie de naviguer dans l’industrie du cinéma, mais tout ça sonne un peu faux. On ne ressent jamais vraiment l’effervescence de la cité des anges, et les décors, bien que propres et bien éclairés, manquent de vie. C’est comme si tout ce qui se passait autour de Joey n’était qu’un arrière-plan sans âme pour ses pitreries habituelles. La magie de New York, avec ses cafés et ses appartements étriqués, manque cruellement ici.
Il y a aussi un problème de cœur. Friends fonctionnait parce qu’au-delà des rires, il y avait une véritable alchimie entre les personnages, une chaleur humaine qui transcendait les gags. Dans Joey, cette alchimie est absente. Les nouveaux personnages peinent à s’imposer, et l’émotion qui faisait la force de Joey dans Friends — cette naïveté touchante qui le rendait si attachant — se perd dans un océan de situations forcées et de blagues sans relief.
En résumé, Joey est un spin-off qui a clairement essayé de capitaliser sur la popularité d’un personnage bien-aimé, mais qui s’est rapidement enlisé. Ce qui faisait de Joey Tribbiani un personnage irrésistible dans Friends ne fonctionne tout simplement pas en solo. La série manque de rythme, de surprises et, surtout, de la dynamique de groupe qui faisait la force de la série mère. On pourrait dire que Joey s’est perdu quelque part entre New York et L.A., et malheureusement, personne n’était là pour lui dire : « How you doin’? » au bon moment.