Quand le mec le plus intelligent du monde n'a pas de nom, mais connaît tout...

John Doe, diffusée sur FOX en 2002, c’est un peu comme si Jason Bourne avait avalé une encyclopédie tout en oubliant son propre prénom. Vous prenez un héros amnésique, mais avec un twist : il sait absolument tout sur absolument tout, sauf sur lui-même. C’est une sorte de Wikipedia vivant, mais sans la page "Qui suis-je ?" activée. Cette série est une sorte de thriller scientifique, teinté de mystère, où les encyclopédies humaines se mêlent aux énigmes existentielles.

L’histoire démarre sur les chapeaux de roue avec un homme, qui n’a aucune idée de qui il est, se réveillant sur une île déserte complètement nu. Pas un grand début pour une nouvelle vie, mais ne vous inquiétez pas, il va rapidement découvrir qu’il sait tout sur tout : l’histoire des civilisations anciennes, les lois de la physique quantique, les langues mortes… Tout, sauf la réponse à la question "Pourquoi moi ?". D'ailleurs, il se choisit le nom de John Doe, ce qui est un peu ironique puisqu’il est probablement l’humain le plus extraordinaire à marcher sur Terre.

Le personnage principal, incarné par Dominic Purcell (qui ne sourit que lorsqu’il a résolu une énigme), est non seulement un cerveau sur pattes, mais aussi un détective malgré lui. En utilisant ses connaissances infinies, il commence à résoudre des crimes pour la police de Seattle, tout en essayant de découvrir qui il est et pourquoi il a cette connaissance divine. Imaginez Sherlock Holmes croisé avec une super IA dans une ambiance des années 2000, mais avec un peu plus de grimaces perplexes et d’étrangeté générale.

La série tire sa force de ce mystère central : d’où vient cette connaissance omnisciente, et pourquoi ne se souvient-il de rien de sa propre vie ? Chaque épisode nous laisse avec une poignée d’indices, des questions supplémentaires, et parfois l’impression que les scénaristes eux-mêmes sont en train de chercher la réponse avec nous. Le suspense est là, mais il s’accompagne souvent de cette sensation que l’intrigue avance en zigzag, à la manière d’un GPS défectueux qui vous dit de tourner à gauche puis fait une pause de cinq minutes avant de se rappeler qu’il devait aussi résoudre un meurtre en cours de route.

Côté résolution des crimes, on est dans le classique de la série procédurale. Chaque semaine, John Doe utilise son intelligence surhumaine pour identifier les coupables ou démêler des situations improbables. Il peut citer des codes de lois obscurs, diagnostiquer une maladie rare à partir d’une simple observation, ou repérer un détail microscopique que personne n’aurait remarqué. C’est le type de héros qui pourrait vous expliquer pourquoi votre grille-pain ne fonctionne plus tout en arrêtant un tueur en série, le tout sans transpirer. Mais à force, cette omniscience devient un peu une béquille narrative : pourquoi avoir des enquêtes complexes quand on peut sortir une encyclopédie mentale à chaque épisode ?

L’un des principaux problèmes de John Doe réside dans son rythme et sa construction. On oscille constamment entre les mystères personnels du héros (qui sont de loin les plus intéressants) et les affaires policières du jour (qui, soyons honnêtes, sont parfois un peu fades à côté du mystère central). La série semble hésiter entre ces deux facettes : le thriller procédural et la quête existentielle. Et, disons-le franchement, elle est bien plus captivante quand elle plonge dans les recoins sombres de l’identité de John et ses possibles origines (peut-être extraterrestre, peut-être divine, qui sait ?) que lorsqu’elle nous montre une autre scène de crime classique.

Le casting secondaire, bien qu’agréable, reste dans l’ombre de John Doe. Les personnages de soutien, notamment les collègues policiers et amis du héros, sont là pour l’aider dans ses enquêtes, mais ils sont souvent éclipsés par la machine à connaissances qu’est John. Ils ne sont pas assez développés pour qu’on s’y attache vraiment, et cela laisse une impression d’équipe un peu creuse. On a parfois l’impression qu'ils sont juste là pour poser des questions à John afin qu'il puisse impressionner tout le monde avec ses réponses.

Visuellement, la série ne révolutionne pas le genre, mais elle réussit à capturer l'ambiance sombre et mystérieuse de Seattle. C'est un peu gris, un peu pluvieux, parfait pour refléter l’état d’esprit de notre héros amnésique, qui navigue dans ce brouillard existentiel sans vraiment savoir où tout cela va le mener. Les effets spéciaux sont, disons-le, d’un autre temps. Ce qui aurait dû être un ajout impressionnant à l’intrigue (comme certaines séquences où John "voit" ses connaissances en action) semble parfois un peu daté.

Enfin, il y a cette fin. Ou plutôt, l’absence de fin. John Doe fait partie de ces séries qui ont été annulées avant d’avoir pu résoudre leurs mystères. Et autant dire que cela a laissé les spectateurs sur leur faim, avec plus de questions que de réponses. On aurait aimé savoir d’où venait tout ce savoir encyclopédique, et qui était vraiment John Doe, mais la série nous a abandonnés au milieu du chemin, comme un guide touristique qui part avant de nous montrer la Grande Muraille.

En résumé, John Doe est une série intrigante et frustrante à la fois. Le concept est captivant : un homme qui sait tout, sauf l'essentiel. Mais l’exécution, entre le côté procédural et le mystère personnel, manque parfois d’unité et de consistance. Si vous aimez les énigmes non résolues, les héros surdoués et les intrigues un peu floues, alors John Doe a de quoi vous divertir. Mais préparez-vous à rester sur votre faim, car dans cette série, les réponses sont aussi insaisissables que le propre passé de John Doe.