Joker Game
6.5
Joker Game

Anime (mangas) AT-X (2016)

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Qu'il est agréable d'être confronté à une fiction en lien avec la guerre - à fortiori, avec la seconde guerre mondiale - sans entrer dans le sensationnel, l'excès, la démesure et la caricature.


Un brin de complexité et de nuance dans les rapports entre l'agence D et les différents pays exploités à travers l'animation, c'est tout ce dont j'avais besoin. Pas de gentils ou de méchants, simplement des intérêts bien compris. Nous n'aurons même pas droit à ce luxe propre à toutes les productions médiocres consistant à faire des soldats Allemands des monstres à sang-froid qui tuent pour le plaisir de tuer. De la nuance disais-je.


Joker Game nous plonge dans la création de l'agence D, école - fictive - liée à l'armée japonaise et visant à former l'élite de l'espionnage. Pas de James Bond qui tienne, le ton est donné dès le premier épisode : un espion qui tue ou qui meurt, c'est bon pour la décharge. Il faudra donc se montrer habile pour faire parvenir les informations recherchées jusqu'à la mère patrie.
Les deux premiers épisodes visant à introduire l'agence donnent un aperçu séduisant de ce que pourrait être le registre des missions à venir. Les coups en douces se multiplient, chacun croit agir selon sa propre volonté alors qu'il a été trompé dès le départ. La ruse, la vraie, enfin correctement exploitée, on n'y croyait plus.


Malheureusement, il y a un bémol. Au cours des douze épisodes qui nous sont présentés (et Dieu sait que j'aurais aimé en avoir davantage), pas une seule fois l'agence D ne sera mise réellement en difficulté. Tout le monde joue sur leur partition à la note près et les espions obtiennent systématiquement gain de cause sur tous leurs adversaires. Plus agaçant encore, la grosse ficelle du «Tout était planifié depuis le début» employée à diverses reprises, lasse quelque peu.
Bien souvent et même trop souvent, tout est en réalité joué dès le début de l'épisode. Le procédé qui amène jusqu'à la révélation finale reste fascinant et captivant, seulement, on ne peut s'empêcher de se sentir frustré en sachant qu'en fin de compte, de difficulté, il n'y avait pas.


Sans doute que la tension et l'adversité n'était pas le propos de l'anime. En réalité, chaque épisode (double épisodes compris) suivent un schéma défini. L'aventure n'est pas en lien avec une précédente et se veut indépendante. L'agent de l'agence D fait très souvent office de tapisserie et aucun parmi ceux présentés ne sera réellement développé. Tous sont interchangeables.
L'important repose sur les intrigues dans lesquelles ils se retrouve mêlés. Les personnages principaux de chaque épisode sont davantage les cibles de l'espionnage pour qui l'on ressentira de l'empathie plutôt que l'agent fantomatique chargé de leur donner le change. C'est l'occasion de multiplier les théâtres d'opération (Japon, Chine, Angleterre, Allemagne, Océanie) et de devenir spectateur des méfaits de l'agence D.


Le seul personnage récurrent à bénéficier d'un développement est le chef de l'agence, le lieutenant-colonel Yuuki. Personnage dissimulateur - on s'en serait douté - froid et méthodique, il incarne l'espion parfait. Capable de brouiller les pistes jusqu'à effacer son passé et le confondre avec celui d'un autre, il interviendra souvent comme agent de liaison afin de parachever l'œuvre de ses subalternes. Bête noire des espions européens, s'étant façonné une aura légendaire, il incarnera hélas le paroxysme du personnage infaillible. TOUT, je dis bien TOUT est prévu depuis le début dès lors où il est de sortie. S'il n'est certes pas question ici de l'espion romancé à la mode James Bond, Yuuki et ses hommes sont tout aussi invincibles que l'agent 007. La seule différence étant qu'ils disparaissent sans laisser de trace de leur passage et ne se tapent pas la blonde de service.


Un anime qui nous délivre au final des tranches de vie et surtout des tranches de drame. Les pincements au cœur sont légions, mais les larmes ne viennent jamais. Un seul ou deux épisodes ne permettent pas de s'attacher réellement aux personnages présentés. C'est un tort.
Mais en douze épisodes, des choix durent être faits. Multiplier les histoires ou bien s'attarder sur une en particulier et développer au moins un agent.


Mon choix aurait été de pousser les auteurs à nous pondre une deuxième saison. Puis une troisième. Et pourquoi pas une quatrième tiens ?!


Les anime où le drame se veut doucereux et non pas présenté artificiellement pour chercher désespérément à provoquer des émotions sont rares. Présenter des facettes de la seconde guerre mondiale de manière si dépassionnée et documentée ajoute au charme de la bête.


Il faut se laisser tenter. Si les deux premiers épisodes ne suffisent pas à vous ravir, c'est que le registre ne saura pas vous contenter, dans ce cas, passez à autre chose. Toutefois, vous vous privez d'une des rares productions de qualité nous étant parvenues récemment dans le monde de la japanimation aux codes rigides et ultra-formatés. C'est un anime à voir si l'on souhaite sortir des sentiers battus. Y'a quelques orties sur le chemin, mais la balade en vaut la chandelle.

Josselin-B
6
Écrit par

Créée

le 8 oct. 2019

Critique lue 640 fois

4 j'aime

Josselin Bigaut

Écrit par

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4

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