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Quand l’adolescence te colle des boutons… et un humour acide qui déchire tout

Journal d'une ado hors norme (ou My Mad Fat Diary pour les puristes) est un peu comme si on prenait les angoisses adolescentes, les doutes existentiels et les pulsions émotionnelles d'une ado de 16 ans, qu’on les balançait dans un shaker avec une bonne dose de sarcasme, de références aux années 90, et une grosse pincée de vulnérabilité brute. Ce qui en sort ? Rae Earl, une héroïne aussi imparfaite que sincère, qui navigue dans le tumulte de l’adolescence avec un mix d’auto-dérision cinglante et de crises existentielles plus nombreuses que ses posters de Britpop.


L’histoire suit Rae, une ado en surpoids qui sort tout juste de l’hôpital psychiatrique après une tentative de suicide. Oui, ça peut sembler sombre au premier abord, mais ne t’inquiète pas, Journal d'une ado hors norme est loin d’être une descente aux enfers déprimante. Rae est une narratrice qui te fait hurler de rire avec ses pensées à la fois crues et hilarantes, un peu comme si Bridget Jones avait piqué les journaux intimes d’une ado rock'n'roll des années 90. Et malgré son lourd passé, Rae aborde la vie avec un humour tranchant et une franchise désarmante.


Le cœur de la série, c’est cette dualité entre le désespoir de Rae et sa quête désespérée de normalité dans un monde où elle ne se sent jamais à sa place. Ses amis, ce groupe cool et un peu bohème, semblent sortis d’un magazine de mode des années 90, avec leurs jeans taille haute et leurs goûts musicaux impeccables. Rae, elle, se voit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, une fille qui pense qu’elle n’a pas le droit de vivre la vie des "gens normaux". Spoiler : l’idée même de la "normalité" est mise à mal à chaque épisode.


Le génie de Journal d'une ado hors norme, c’est sa manière de dépeindre avec justesse la santé mentale et l’adolescence, sans jamais tomber dans le mélodrame gratuit. Oui, Rae a des troubles mentaux, mais la série ne la réduit jamais à cela. Elle est hilarante, brillante, parfois insupportable, souvent touchante, et toujours pleine de vie. Chaque épisode te plonge dans ses pensées, souvent chaotiques, mais terriblement authentiques. Les angoisses, les obsessions, les complexes : tout est là, brut et sans filtre, mais avec une telle tendresse que tu ne peux qu’adopter Rae, avec ses imperfections et ses coups de blues.


Visuellement, la série a ce charme un peu rétro des années 90, avec une BO à tomber par terre (Blur, Oasis, The Stone Roses, tout y est !). On te plonge dans l’ambiance grunge-britpop comme si tu y étais, entre les sessions d’écoute de CD et les soirées à se demander si ce garçon te regarde parce qu’il t’aime bien ou parce qu’il pense que tu es bizarre. Les décors sont simples, mais chaque lieu — du parc local aux chambres d’ados décorées à la va-vite — renforce cette authenticité si précieuse à la série. C’est comme ouvrir un album photo des années 90, avec la touche rock qui donne envie de ressortir ta vieille collection de cassettes.


Et puis, il y a les personnages secondaires. Chloé, la meilleure amie, est le cliché de la fille belle et populaire que Rae adore autant qu’elle jalouse. Finn, l’intérêt amoureux mystérieux, incarne à la perfection le fantasme de l’ado des années 90, tout en étant bien plus qu’un simple crush. Archie, le meilleur ami adorable, lutte lui aussi avec ses propres secrets, et le reste du groupe d’amis complète ce casting de personnages aussi attachants que dysfonctionnels. Chaque personnage, aussi "parfait" qu’il puisse paraître de l’extérieur, révèle peu à peu ses propres failles, et c’est là que Journal d'une ado hors norme frappe fort : personne n’a une vie aussi simple qu’on pourrait le croire.


Le ton de la série oscille constamment entre drame et comédie, et c’est précisément ce qui la rend si captivante. Un moment, tu te bidonnes devant une scène où Rae fantasme en mode épique sur un crush, et l’instant d’après, tu la vois s’effondrer sous le poids de ses insécurités. Cette alternance entre les rires et les larmes est à l’image de l’adolescence : un bordel émotionnel où chaque moment peut être à la fois le meilleur et le pire de ta vie.


Le seul bémol que certains pourraient trouver à la série, c’est qu’elle est tellement enracinée dans les années 90 qu’on pourrait s’y perdre si l’on n’a pas un amour particulier pour cette époque et son esthétique musicale. Mais honnêtement, que tu sois fan de Blur ou non, les thèmes universels de la série — la quête d’identité, l’amitié, l’amour, et la lutte contre ses propres démons — transcendent les époques.


En résumé, Journal d'une ado hors norme est une perle de série qui aborde l’adolescence avec un mélange parfait de vulnérabilité, d’humour et de rock’n’roll. C’est un portrait brut et sincère de ce que c’est que d’être jeune, différent, et un peu paumé, mais de continuer à avancer malgré tout. Rae Earl est l’héroïne que tu ne savais pas que tu voulais, et après avoir plongé dans son univers, tu te dis que finalement, être "hors norme", c’est peut-être la meilleure chose qui puisse t’arriver.

CinephageAiguise
8

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le 9 oct. 2024

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