Yalaaaaaa !!! ...Enfin presque.
Celles et ceux qui connaissent mes inclinations ciné et télévisuelles ont du tiquer en voyant le titre de l'article. "Tiens... Une comédie... Mais quel mal le prend?"... Et oui, je l'admets : je ne suis pas forcément un grand fan de ce genre et j'ai beaucoup de mal à plonger dans une comédie, ou même une comédie dramatique, que ce soit sur petit ou grand écran. Mais en découvrant "Kaboul Kitchen", avec en vedette THE Patrick Abitbol de "la vérité si je mens", je me suis dit "pourquoi pas". Ca changera un peu des thrillers policiers et de la SF...
Là, je sens le stress de certains monter peu à peu. Vous vous dites : non seulement une série sur le genre de la comédie, mais en plus... française! Il est vrai que cette association n'a pas vraiment de quoi faire envie, quand on connait le niveau de la plupart des productions télévisuelles françaises (et je suis le premier à le déplorer). Et pourtant, il arrive quelques fois que l'une d'elles se dresse au-dessus des autres, faisant montre de qualités et d'inventivité insoupçonnées, allant jusqu'à parfois concurrencer certains productions américaines ou britanniques. Toute la question est de savoir si "Kaboul kitchen" fait ou non partie de ces élus...
Un vent de fraîcheur sur le paysage télévisuel français...
Si vous avez lu les quelques lignes résumant la trame de fond de cette nouvelle série, (je dis nouvelle mais elle a débuté en 2012), il se peut que vous soyez tombés sous le charme. Car un scénario original (tiens, c'est la phrase d'accroche des productions Canal, justement...), ce n'est pas forcément à tous les coins de rues que l'on en trouve.
Difficile de ne pas admettre comme état de fait que Canal+, malgré ses travers connus, est devenue la chaîne française produisant les meilleures séries made in France du pays. Entre "Engrenages", "Braquo", "Borgia", "Mafiosa" (pour les plus récentes), il y a de quoi faire. On a même pu récemment constater que les producteurs commençaient à se mettre, non sans une certaine réussite, à des genres jusque là inexplorés dans l'hexagone. Je pense notamment aux "Revenants" (ma critique ici). Tout le monde n'aimera pas, certes. Cela ne lui enlève pas pour autant son indéniable qualité narrative.
Du coup, j'avoue que mon parti pris au sujet des séries TV françaises commence peu à peu à s'estomper, pour laisser place à un enthousiasme que je croyais à jamais perdu.
Je rappelle le principe de la présente rubrique : il ne s'agit en aucun cas d'établir une critique de toute la série (encore faudrait-il qu'elle soit achevée), ou même d'une saison entière (hormis pour "les revenants"... Il faut bien une exception à chaque règle). Je me concentre essentiellement sur le pilote, ou au plus, les deux premiers épisodes lorsqu'il s'agit d'un format anthologique (comme "Black Mirror"). Les lignes qui vont suivre reflètent donc davantage un aperçu qu'un véritable avis définitif. Notons que beaucoup de séries peuvent laisser une excellente première impression pour ensuite se gâter sur les épisodes suivants (et cela fonctionne dans les deux sens, bien sûr).
Contrairement à ce que j'ai cru en attaquant le pilote de la première saison (deux saisons sont dispos à ce jour), il ne m'a pas fallu longtemps pour plonger dans l'intrigue de "Kaboul kitchen". Il y a plusieurs raisons à cela : tout d'abord, l'histoire ne se situe pas en France. Je sais, ça peut paraître sec, dit comme ça, mais même en remontant dans mes plus lointains souvenirs, je ne crois pas me rappeler avoir été un jour dépaysé par une série française se déroulant à Paris (la plupart des productions s'y déroulent). Paris, la Tour Eiffel, Montmartre...Je connais, j'en ai fait le tour.
Non. Ici, on est en Afghanistan. Avec tout ce que cela implique en termes d'exotisme (les militaires sanguinaires, les rues en ruines, les femmes voilées, les enfants vêtus de haillons qui courent partout, jouant avec un morceau de polystyrène... Bon alors évidemment, je vous rassure : la série n'a pas vraiment été tournée à Kaboul mais au Maroc. Et pourtant, on y croit. Les décors sont soignés, la mise en scène l'est tout autant. Pas de quoi jalouser d'autres productions se situant sur des territoires en guerre.
Le décor planté ne suffit pas, bien sûr. L'attraction, c'est Gilbert Melki, qui crève littéralement l'écran, apportant à la série une véritable marque de fabrique, bien au-delà d'une simple valeur ajoutée. Malgré des dialogues encore sur la retenue, on devine tout le potentiel du personnage. Ironique, convaincant, le ton juste, l'ex-Monsieur Patrick Abitbol campe un patron venu faire son beurre avec un restaurant - boîte de nuit très occidental, au cœur de l'un des pays les plus musulmans au monde, et en guerre, qui plus est. Il y a déjà de quoi sourire. Et comme il est principalement là pour faire fortune, en essayant de ne pas se faire tuer par la milice locale, les détracteurs ou mêmes les concurrents (ça en fait, des ennemis potentiels!), on ne peut s'empêcher de voir du Patrick Abitbol en Jackie (son prénom dans "Kaboul kitchen"), surtout si, comme moi, vous l'avez adoré dans la trilogie "la vérité si je mens").
Melki n'est pas seul dans cette entreprise : il est épaulé par d'autres comédiens plutôt efficaces et bien à leur place, comme son principal ennemi au début de la série : le Général Amanullah, sorte de dictateur sanguinaire qui veut se faire élire dans l'une des provinces les plus pauvres de Kaboul. Son personnage, tout aussi savoureux que celui de Melki, parvient même assez souvent à lui voler la vedette tant Simon Abkarian, en bon pince sans rire, casse la baraque. Le duo apporte une réelle dynamique.
Sophie, interprétée par Stéphanie Pasterkamp, qui n'est autre que la fille de Jackie, venue après vingt années sans avoir vu son père, faire de l'humanitaire dans le pays. Son arrivée va très rapidement bousculer la vie déjà pas très sereine de Jackie, qui va devoir malgré lui composer avec une jeune femme peu coopérative et pas franchement décidée à mettre de l'eau dans son vin (au début, en tout cas...).
Pour faire le lien entre tous ces personnages très sucrés salés, il s'agissait de ne pas se louper sur les dialogues. Et par chance, ce n'est pas le cas. "Kaboul kitchen" a de l'humour à revendre, bien qu'elle soit, comme son héros principal, encore sur la réserve pour ce premier épisode. Gageons que la potentiel de la série est énorme, avec un second degré et une belle auto-dérision, le tout agrémenté d'une BO excellente et parfaitement adaptée au ton général du propos. Une série que je vais suivre, donc, avec beaucoup d'engouement...