Moi qui suit assez sceptique sur les recommandations que peut nous offrir le site Sens Critique, je trouve la liste des meilleurs animés de l'année 2019 assez pertinente (pour l'instant), et c'est vraiment ce qui m'a poussé à regarder Kaguya Sama.
Cet animé raconte le combat amoureux entre deux héros qui auraient fait des parfait antagonistes dans un manga comme GTO ou Assassination Classroom. Kaguya et Shirogane sont les présidents du "Bureau des Elèves" d'un lycée japonais huppé : ils sont tous les deux aisés, populaires, bons en classes, beaux comme des dieux et intelligents. Ils sont destinés à former le couple parfait, mais hélas, à l'intérieur de leur esprit calculateur, ils estiment que le premier des deux qui fera sa déclaration à l'autre sera forcément en position d'infériorité toute sa vie.
D'où des "combats psychologiques" (à la Death Note) improbables, entre "qui va inviter l'autre au cinéma avant l'autre ?" "où aller en vacances ?" "qui va envoyer le premier mail à l'autre ?" et où chacun a mis des pièges et planifie les mouvements de l'autre ainsi que ses réactions à l'avance. A raison de trois "combats" par épisode, le tout est surligné par une réalisation de taré et un commentateur pété qui met le doigt sur le moindre détail anodin et en exagère complètement l'importance. Le tout est prétexte à déconstruire la comédie romantique à la japonaise et à analyser les poncifs qui émaillent le genre : "aller ensemble au lycée" "partager un parapluie à deux" "rendre visite à l'autre qui est malade" etc...
Du renouvellement :
Après le visionnage du pilote, on s'est dit : "Ok, c'est rigolo, mais est-ce que ça va pas devenir super lassant à la longue ?" Et au final, on a avalé la série en moins d'une semaine sans déplaisir. Alors, certes, c'est pas non plus le truc le plus fou qu'on ai vu, mais ça reste toujours divertissant.
D'abord parce qu'il y a le personnage de Fujiwara, la secrétaire du BDE qui est trop pure pour ce monde. On dirait un personnage qui s'est complètement gourré de manga et qui n'a pas compris qu'il était dans du duel psychologique, et arrive avec sa bouille toute mignonne et sa grande naïveté à être le grain de sel qui va faire dérailler les plans de sociopathes des deux autres. Elle se révèle à la fois attachante et moins idiote qu'elle ne le prétend, notamment dans les nombreux épisodes mettant en scène des jeux de société. Un quatrième larron, Ishigami, le comptable suicidaire et geek-emo vient compléter le tableau.
Ensuite, parce que l'animé s'éloigne petit à petit de sa formule initiale : dès l'épisode 2 on voit apparaitre l'intrigure d'un autre couple qui prend Shirogane et Kaguya comme exemple... et réussir malgré la nullité de leurs conseils. Le côté "combat psychologique" commence à devenir un aspect secondaire du manga (dont plusieurs personnages en soulignent le ridicule) et la personnalité des deux protagonistes s'étoffe. On découvre que Shirogane est devenu manipulateur et profiteur parce qu'il s'est construit tout seul dans un milieu qui ne l'avait pas favorisé, tandis que Kaguya, loin d'être la princesse froide et sociopathe que l'on nous a décrit est une fille solitaire car enfermée dans une cage dorée par un père rigoriste qui la méprise. (Level 10 sur l'échelle de Gendo Ikari.)
Un des épisodes tourne autour du fait qu'elle rigole comme une gamine en entendant le mot "zizi" parce qu'elle en a appris l'existence littéralement la semaine d'avant !
Bon, encore un de ces animé qui, en attente d'une saison 2 se termine sur un status quo (le manga est encore en cours de parution) et ne révèle pas le secret que j'attends depuis quelques épisodes : pourquoi le local du BDE est-il aussi vaste ?