Quand un lancer de balle et un égo sont plus gonflés que tes espoirs

Kenny Powers, ou plus précisément Eastbound & Down, c’est un peu comme si tu prenais un ancien joueur de baseball sur le déclin, lui donnais un ego tellement surdimensionné qu’il pourrait servir de montgolfière, et tu le lâchais dans la vie normale avec zéro filtre. Le résultat ? Un chaos comique où l’indécence, les punchlines et la mauvaise foi règnent en maîtres, et où tu ne peux pas t’empêcher de rire… même quand tu devrais peut-être te sentir coupable.

L’histoire suit Kenny Powers, un ex-lanceur de baseball superstar qui a tout perdu, sauf son ego. Après avoir goûté à la gloire, il se retrouve à donner des cours de gym dans une petite ville où personne ne l’a vraiment demandé. Mais ne t’attends pas à ce qu’il fasse amende honorable ou devienne un modèle pour les enfants. Kenny Powers n’a pas le temps pour les remises en question, il est trop occupé à s’autoproclamer génie incompris tout en distribuant des insultes plus vite que ses lancers de fastball.

Le personnage de Kenny, joué à la perfection par Danny McBride, est à la fois odieux, hilarant, et étrangement attachant. Son arrogance est un art en soi, et chaque épisode est un festival de répliques cinglantes et de situations aussi ridicules que désastreuses. Il traite tout le monde avec la même indifférence méprisante, que ce soit son frère, ses élèves ou même ses fans (quand il en avait encore). Mais ce qui rend Kenny si captivant, c’est que, derrière cet ego démesuré, on voit parfois poindre une fragilité, un homme qui a tout perdu et qui s’accroche désespérément à l’idée qu’il est encore quelqu’un. Mais bon, ne t’attends pas à de la sensiblerie, Kenny se remet vite à balancer des "f***" et à détruire des relations comme il détruit ses adversaires sur le monticule.

L’humour de la série est aussi corrosif que Kenny lui-même. Si tu aimes l’humour noir, les punchlines méchantes, et les situations où la décence a pris ses vacances, alors Kenny Powers est ton ticket pour le paradis des comédies irrévérencieuses. La série ne recule devant rien : blagues de mauvais goût, situations inconfortables, et dialogues qui t’arrachent des rires nerveux. Kenny Powers est un homme sans filtre, et cela se ressent dans chaque épisode. Son refus obstiné de reconnaître ses erreurs, son manque de tact absolu, et son incapacité à s’adapter au monde post-gloire sont des sources inépuisables de rires.

Visuellement, la série n’a pas besoin d’en faire des tonnes. C’est dans la banalité des décors (des écoles de campagne, des quartiers banlieusards) que Eastbound & Down trouve son charme. Kenny Powers, dans toute sa grandeur auto-proclamée, semble toujours déplacé dans ce monde "normal", comme un lion coincé dans un enclos de chèvres (selon lui, évidemment). Et c’est cet environnement peu glorieux qui rend ses tentatives de revenir sur le devant de la scène encore plus hilarantes. Qu’il soit en train de donner des cours de sport à des ados désintéressés ou de préparer un comeback improbable, Kenny semble toujours en décalage total avec la réalité.

Les personnages secondaires apportent également leur lot de moments mémorables. Stevie, l'assistant et fanboy obsessionnel de Kenny, est un pur régal d’absurdité. Il idolâtre Kenny à un niveau pathologique, ce qui donne lieu à des situations grotesques où Stevie se retrouve souvent embarqué dans les plans les plus ridicules de Kenny. Sa dévotion maladive contraste avec la toxicité de Kenny, et leur dynamique est l’une des plus drôles de la série.

Côté intrigue, ne t’attends pas à des arcs narratifs complexes ou à des leçons de vie profondes. Kenny Powers est une comédie qui ne se soucie pas des grands messages. L’histoire tourne autour de Kenny essayant de redevenir une star, échouant lamentablement, et se moquant de tout le monde sur son passage. Mais c’est précisément cette absence de prétention qui rend la série si rafraîchissante. Elle n’essaie jamais d’être autre chose qu’un festival de mauvais goût parfaitement assumé.

Cependant, l’humour ultra décalé et l'attitude de Kenny peuvent aussi être un frein pour certains. Si tu n’as pas le goût pour les personnages volontairement désagréables ou pour les situations où la bienséance est laissée dans un coin sombre de l’histoire, tu pourrais trouver que Kenny pousse parfois le bouchon un peu trop loin. Mais pour ceux qui adorent voir un anti-héros patauger dans son propre délire mégalomane, c’est un pur régal.

En résumé, Kenny Powers (ou Eastbound & Down) est une série qui t’embarque dans l’univers d’un personnage aussi odieux que drôle, où l’humour décapant et les situations absurdes s’enchaînent sans temps mort. Si tu aimes les comédies où l’ego est plus gros que le talent, où les punchlines volent plus bas que les ceintures, et où chaque épisode est une célébration du politiquement incorrect, alors Kenny Powers va devenir ton nouveau gourou. Mais attention : il risque de te balancer une balle en pleine figure si tu ne l’admires pas assez.