Quand Mr. Pickles arrête de sourire et que la vie se révèle aigre-douce

Kidding, diffusée sur Showtime en 2018, c’est un peu comme si Mister Rogers’ Neighborhood avait décidé de faire un stage intensif chez un psychanalyste existentialiste. La série, portée par Jim Carrey dans un rôle qui frôle l’autobiographique par moments, nous plonge dans la vie de Jeff Piccirillo, alias Mr. Pickles, une icône de la télé pour enfants au sourire aussi grand que sa douleur est profonde. Oui, vous l’avez deviné : cette série est loin d’être une simple comédie. Bienvenue dans un monde où les marionnettes ne sont pas les seules à se sentir manipulées et où la vraie vie frappe plus fort qu’un coup de poing en mousse.


Jeff est un homme gentil, trop gentil peut-être, qui enseigne aux enfants des valeurs positives tout en essayant de recoller les morceaux de sa propre vie brisée par un drame familial. On voit un Jim Carrey écorché vif, naviguant entre le clown triste et le philosophe mélancolique, et qui rappelle à tout le monde pourquoi il est l’un des acteurs les plus fascinants de sa génération. Ses sourires forcés sont des œuvres d’art : un mélange parfait de "Je vais bien" et "Aidez-moi, je me noie intérieurement".


La série aborde la perte, la résilience et la pression d’être toujours la personne que tout le monde attend que vous soyez. Si vous pensiez que les marionnettes ne servaient qu’à raconter des histoires légères, Kidding va vous prouver que ces petites choses peuvent être des métaphores pour les mensonges qu’on se raconte à soi-même pour tenir bon. Jeff, entouré de ses personnages en feutrine, finit par révéler des vérités que même les adultes ont peur de regarder en face.


Le reste du casting est tout aussi brillant : Frank Langella incarne le père un peu tyrannique et désillusionné, producteur de l’émission, qui met des bâtons dans les roues d’un Jeff en quête de sincérité. Catherine Keener joue la sœur de Jeff, créatrice des marionnettes et artiste torturée par ses propres démons. Leurs interactions sont des montagnes russes émotionnelles, où l’humour noir fait souvent irruption au pire moment, comme un ami indésirable qui débarque sans prévenir.


Visuellement, Kidding est un régal. La série alterne entre des séquences oniriques, des moments absurdes et des scènes d’une réalité tranchante. Les décors colorés et enfantins de l’émission de Jeff contrastent brutalement avec les scènes intimes où la tristesse et le désespoir suintent par tous les pores. Les transitions visuelles, parfois quasi magiques, vous font passer d’un conte pour enfants à une crise existentielle en une coupe de caméra. C’est beau, c’est étrange, et ça fonctionne.


La bande-son, mélancolique et envoûtante, accentue l’atmosphère douce-amère de la série. On a l’impression que chaque note joue sur les cordes de la nostalgie, rappelant des moments où tout semblait simple et où les problèmes pouvaient être résolus en chantant une chanson.


Pour ceux qui cherchent une série légère, Kidding n’est pas la meilleure des idées. C’est une exploration poignante de la manière dont on fait face à la douleur tout en essayant de maintenir une façade de normalité. Mais pour ceux qui apprécient les drames qui font sourire, réfléchir et pleurer à parts égales, cette série est un petit chef-d’œuvre d’absurdité et d’émotion.


En résumé, Kidding est la preuve que même le plus grand des sourires peut cacher les tempêtes les plus violentes. C’est une lettre d’amour à l’enfance, à l’imperfection et au courage qu’il faut pour continuer à sourire quand tout semble s’effondrer. Si vous avez envie d’une série qui mêle poésie, tragédie et marionnettes en peluche, Kidding est là pour vous rappeler que la vie, parfois, ce n’est pas qu’une blague.

CinephageAiguise
8

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le 8 nov. 2024

Critique lue 6 fois

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