Je vais commencer par la conclusion mais le problème majeur avec ce vidéaste c'est sa vision idéaliste et petite bourgeoise qui veut nous faire croire qu'on peut s'extraire de notre condition initiale et atteindre la liberté financière par la seule sphère du discours et le pouvoir de la rhétorique. Il n'a peut-être pas tort quand il dit aux streamers gauchistes que parler de déterminisme social est un abus de langage quand il est question de sciences humaines (moi même je suis d'accord avec ça). Mais il ne faut pas non plus sous-évaluer la notion de reproduction sociale qui reste un facteur non négligeable dans la mobilité sociale. S'il se contentait de mettre en avant sa discipline et son champ d'expertise tout en précisant que ceux-ci ne se suffisent pas à eux-mêmes pour réellement faire bouger les choses je ne dirais rien, le problème c'est qu'il en vient aussi à critiquer la dialectique en la reléguant à un simple faire valoir pour défendre la rhétorique et même à mésestimer la valeur et l'intérêt de la philosophie (de son propre aveu il ne lit pas de philosophes).
Ce rhéteur pense pouvoir définir une société communiste par le seul fait de l'argent ponctionné par l'état tout en se plaignant derrière d'une redistribution arbitraire des richesses et d'une mainmise incontrôlée de celui-ci. Alors qu'une vraie société collectiviste se base évidemment sur une vraie mise en commun de la richesse et a précisément pour vocation de se battre contre la notion d'état-maman et son intermédiaire rentier qui est la bureaucratie et l'administration. Le mec n'a pas compris que le principe fondateur du communisme c'est la collectivisation des moyens de production, la mise en adéquation de la production et de la consommation et non une autre redistribution arbitraire des richesses qui consiste à prendre aux riches pour donner aux pauvres. Mais non, la seule chose qu'il voit dans l'affaire ce sont les taxes et les impôts. Ce n'est pas très étonnant puisque la plupart des youtubeurs gauchistes avec lesquels il s'est pris le bec ne sont pas marxistes et n'y connaissent même strictement rien, donc il assimile leurs propos à cette doctrine...
Remarquons qu'il est assez contradictoire de déplorer un manque d'entreprenariat dans le pays tout en se refusant derrière à une collectivisation des moyens de production qui ne peut que favoriser et encourager l'ambition et la prise d'initiative individuelle et collective. S'il était vraiment dans une démarche d'égalité des chances il devrait reconnaître cette évidence. Et s'il s'intéressait un peu plus à la philosophie politique et aux points de vue marxistes il saurait peut être distinguer état et appareil d'état et ainsi identifier la vraie racine du problème et quelle notion est à incriminer. Il aurait ainsi assimiler depuis longtemps le fait que nous avons affaire qu'à un appareil d'état qui se donne les apparats d'une redistribution et donc à un simulacre de collectivisme. Nous sommes en fait bien davantage dans un mixte entre un laisser-faire économique pour le Capital et un interventionnisme répressif sur les producteurs. L'un va d'ailleurs avec l'autre. Ainsi il faut sortir de cette opposition binaire entre libéralisme et interventionnisme car ce ne sont pas ces notions en tant que telles qui sont à incriminer directement, il convient bien mieux de renvoyer ces deux notions dos à dos et regarder ce que le pouvoir veut libéraliser, privatiser et sur quoi il veut intervenir (et pour qui et pourquoi).
Je le rejoins complètement quand il dénonce le fait que la doxa ambiante préfère abaisser et dénigrer tous les modèles de réussite par de la morale d'esclave plutôt que d'inciter ceux qui partent de plus loin à s'élever (évidemment ça sert le statu quo et le pouvoir en place), je le rejoins aussi quand il constate que ce n'est pas en ancrant les gens dans la dépendance (au travers des aides, du service public et de son corollaire qui est un prétendu bien commun) qu'on les aide et qu'on les responsabilise puisque ça ne vise qu'à attaquer le symptome de la pauvreté plutôt que la cause (en ce sens on vit dans une société consumériste (droite libérale) à mentalité communiste (gauchisme culturel), cf la fameuse société libérale-libertaire de Clouscard) mais au fond il est assez facile de s'apercevoir que ce qu'il cherche ce n'est pas qu'il n'y ait plus de pauvres, c'est que les riches restent riches et c'est de maintenir la possibilité de l'enrichissement et de l'accumulation sans borne.
À chaque fois qu'il prend la parole c'est pour défendre le capital, les entreprises, et c'est pour nous inciter à investir au mode bourrage de crâne. Jamais pour défendre la cause des travailleurs. Jamais pour remettre en question les règles du jeu mises en place par le système.
ll en vient dernièrement même, en réponse à Pas duhring, à qualifier de "délire" le fait que la capitalisme se base sur l'exploitation des gens comme si les fortunes irraisonnées comme celles de Bill Gates, Jeff Bezos, Warren Buffett, Elon Musk ou encore Bernard Arnault ne se faisaient pas sur la misère et la précarité... Il faudrait qu'il arrête de prendre pour exemple le seul point de vue des pays atlantistes qui ont bénéficiés de l'impérialisme et qui sont les gagnants du capitalisme et qu'il comprenne ce qui se passe dans les pays du tiers monde comme le Pakistan, le Bangladesh ou Taïwan...
Même son enseignement de la rhétorique s'est considérablement dégradé. Avant Victor ferry nous proposait des exercices de rhétorique sur sa chaîne secondaire, il mettait en avant des orateurs intéressants, maintenant ce n'est devenu que du live-style de pseudo auto-entrepreneur qui fait de ses revenus un argument marketing. Il s'en défendait dans une réponse à une critique du site mais si, dorénavant le gros de sa chaîne secondaire et tertiaire ce n'est quasiment que ça. Ses "masterclass" consistent simplement à ressasser ses points clés sur "être touché sans être touché"... Les vidéos de sa chaîne principales sont de plus en plus redondantes et peu travaillées...
Le mec passe toutes ses vidéos à (à juste titre) attaquer le parasitisme ambiant et les rentes que touchent les politiques de l'argent public pour derrière vanter constamment l'investissement, l'actionnariat et les revenus passifs des dividendes. Il ne peut pas être plus en adéquation avec le concept de nouvelle couche moyenne parasitaire et petite bourgeoise tel qu'il a été décrit par Clouscard qui consiste à se la jouer wanabee bourgeois et à essayer d'intégrer les classes défavorisées dans le système néolibéral en faisant constamment la promotion du modèle "jouir sans l'avoir" et ainsi il milite activement et directement à l'initiation mondaine de la nouvelle stratégie de séduction du néo-capitalisme. Il essaye tant bien que mal à jouer le détacher des signes extérieurs de richesse et des apparences alors qu'il n'a que le champ lexical de la réussite et de la rente à la bouche (l'arrivisme par la confrontation et la libre entreprise est son credo assumé et revendiqué). Mais toute cette propagande ne nous émancipe en rien du système, elle nous y incorpore encore plus.
Tu t'es radicalisé Victor. Tu es de plus en plus manichéen. Ouvre toi plus au marxisme et à la philosophie en générale, confronte davantage les points de vue en lisant les auteurs et les penseurs de tous bords, peut être sera tu plus à même de discuter cette doctrine (ainsi que le capitalisme) avec de meilleurs arguments et plus de nuances.