Parfaitement articulée à la fin de la saison 3, cette première partie de la saison 4 nous dévoile ce qu’il en est de l’existence du côté de l’humanité au-delà des murs. L’atmosphère, très militariste, diffère de ce que l’on pouvait voir auparavant dans la série. La technologie y joue soudainement un rôle majeur, en articulation avec le rôle des titans eux aussi utilisés comme des armes technologiques spécifiques. La bataille destinée à prendre une forteresse moyen-orientale, dans le premier épisode, constitue une très bonne introduction à ce nouvel aspect. Le très singulier opening de cette première partie, qui insiste sur la destruction causée par la guerre tout en conservant une esthétique très abstraite (on n’y voit d’ailleurs à peu près aucun personnage), reflète bien ce changement de ton.
C’est ainsi une saison très rafraîchissante qui montre que la série parvient à se renouveler tout en élargissant les enjeux qu’elle contient. On finit par retrouver les protagonistes des saisons précédentes, mais eux aussi sont métamorphosés, au point de devenir presque totalement méconnaissables par moments. La saison voit s’alterner des scènes de combat et des manigances politiques bien plus crédibles que celles du début de la saison 3, et honnêtement parfois légèrement difficiles à suivre, tant il finit par y avoir de personnages qui peuvent faire semblant de s’allier à d’autres en ayant leurs propres projets spécifiques ; le spectateur doit lui-même reconstituer les événements passés qui ont conduit à l’événement majeur qu’il a déjà pu voir sans le comprendre pleinement au début de la saison, l’intervention d’Eren chez Revelio. Il y a enfin dans la saison bon nombre de scènes de la vie quotidienne, qui nous reflètent (plus précisément que ce qui était aperçu à la fin de la saison 3) les sentiments des humains par-delà les murs à l’encontre des Eldiens.
Ce dernier point est peut-être le moins réussi. Tandis que le spectateur désire savoir ce qu’il en sera des projets d’Eren et de Sieg, il se voit parfois forcé de patienter en suivant les pérégrinations et les sautes d’humeur des aspirants guerriers Gaby et Falco. L’intérêt des nouveaux personnages introduits est parfois assez contestable et semble conduire la série à se répéter. En effet, si le cas de Gaby permet d’illustrer d’une manière particulièrement nette les mécanismes affectifs qui régissent les ennemis des Eldiens (c’est-à-dire, souvent, d’autres Eldiens), il n’était peut-être pas nécessaire d’introduire des personnages disposant d’autant de temps d’écran pour cela. Ce que l’on voit de la famille Jäger et de celle des autres guerriers mahr déjà connus (Reiner et Annie notamment) suffisait déjà à illustrer l’endoctrinement subi par les jeunes enfants par-delà les murs.
Enfin, c’est à partir de ce début de saison 4 que Rivaille, personnage au combien emblématique, commence à être mal traité par la série :
Rivaille affronte deux nouvelles fois le titan bestial (pour un total de 3 fois, donc), sans se résoudre jamais à le tuer, ce qui rentre en contradiction avec la promesse faite à Erwin et rend quelque peu vaine la mort de ce dernier. C’est d’ailleurs ce refus de le tuer qui conduira indirectement à mettre Rivaille hors d’état de nuire pour la totalité de la fin de la série.