Une hype tuée dans l'œuf ?


J'avais déjà poussé une gueulante dans ma critique de la partie 2, et je vais rajouter une dernière couche sur cette partie finale de cette saison finale en deux parties. Rien que de le dire ainsi je trouve ça absurde, mais bref.


Jusqu'à la troisième, les saisons de AoT supervisées par Wit Studio, tenaient en un seul bloc. Avec 25 épisodes pour la S1 de mars à septembre 2013. Puis après une longue pause de 4 ans, 12 épisodes pour la S2 d'avril à juin 2017. C'est à partir de la S3 que ça a commencé à se scinder avec une première partie de 12 épisodes de juillet à octobre 2018. Et la seconde qui arrivera 6 mois après sur 10 épisodes d'avril à juillet de l'année suivante.


1 an et 7 mois plus tard, changement de studio et de rythme. Avec cette quatrième saison “finale” qui, à elle seule, regroupe 4 parties. Soit autant que toutes les saisons l'ayant précédée. La première contenant 16 épisodes de décembre 2020 à mars 2021. Puis 12 épisodes pour la seconde de janvier à mars 2022. Et le “meilleur” pour la fin, une troisième elle-même coupée en deux. Mais non plus au format épisodique cette fois-ci. Le studio MAPPA a fait le choix de regrouper les 7 derniers épisodes en deux téléfilms de 1h pour la première partie diffusée le 4 mars 2023. Et 1h20 pour la seconde et véritable dernière partie de cette interminable saison finale le 5 novembre dernier. Ça en fait des chiffres.


Sans mentir, même pour quelqu'un comme moi qui a suivi l'anime dès ses débuts, et connaissant déjà la fin du manga, c'était difficile de rester hype avec un rythme aussi éclaté et une saison finale aussi longue. Beaucoup ont lâché l'affaire à cause de ça et je les comprends totalement. Elle est loin l'époque où chaque sortie d'un épisode d’AoT était un événement.

MAPPA dans la tourmente


Pourquoi un tel rythme de production ? La raison étant que MAPPA est probablement le studio d'animation japonaise le plus surchargé du milieu. Beaucoup des animes les plus populaires comme Chainsaw Man, la S2 de Vinland Saga, et Jujutsu Kaisen, sont aux mains d'animateurs qui ne font que de leur mieux pour tenir des jalons intenables imposés par les producteurs. La sonnette d'alarme avait déjà été tirée pour les parties précédentes d’AoT, ce fractionnement de saison a dû faire le plus grand bien aux employés. Mais visiblement pas aux fans les plus pressés.


J'entends leur frustration de devoir attendre autant pour en voir le bout. Surtout pour les "anime only". Mais ça n'a pas empêché une minorité très bruyante d'aller harceler sur les réseaux ceux qui se tuent déjà à la tâche. Triste époque.


Et pour ne rien arranger, d'inquiétantes révélations ont été faites de la part même du staff concernant Jujutsu Kaisen. Notamment via ce thread où on a appris qu'il a fallu seulement quatre mois pour produire le film JJK0. C'est clairement pas assez et j'ose à peine imaginer le crunch et la pression monstrueuse subie en interne. Une preuve supplémentaire qu'il faut revoir en profondeur ce système de production d'animes. Quitte à ce que leurs employés se mettent en grève même si ce n'est pas dans leur culture. Ça ne peut plus durer.


Cette longue parenthèse étant fermée, il est temps pour moi de rentrer dans le vif du sujet.

Partie 1 : Le grand terrassement


À la toute fin de ma critique sur la partie 2, j’annonçais ma crainte sur ce qu'allait montrer le premier épisode de cette partie 3. Adaptant le chapitre 131 du volume 33. Et qui fut un des plus traumatisants que j'ai pu lire dans un Shōnen. Au point où même aujourd'hui j'y repense encore.


Et ça n'a pas loupé. Toute l'horreur et les conséquences du grand terrassement initié par Eren Jäger devenu le Titan Originel, sont visibles sans censures et sans concessions dans l'anime. On y voit les populations des quatre coins du globe se faire anéantir par des milliers d'inarrêtables titans colossaux. Ne laissant que mort, destruction, et désolation derrière eux. J'en ai vu des séquences apocalyptiques et des films catastrophes avec la fin du monde au centre du récit. Mais très peu arrivent à la cheville de cet épisode en termes d'angoisse et de désespoir. Que MAPPA aie eu le cran d'aller jusque là, c'est à saluer.


Un désespoir qui se lit particulièrement sur les yeux de Ramzi. Un jeune garçon immigré qu'Eren avait sauvé d'une agression quelque part entre la saison 3 et la 4. Et face à qui il finira par fondre en larmes tout en s'excusant indirectement, car sachant l’atrocité sans précédent qu'il allait commettre. Et dans l'une des scènes les plus poignantes de tout l'anime, on reverra ce garçon se  faire broyer au ralenti par ces colosses.


Pendant que ce monde vit ses dernières heures, un groupuscule résiste encore et toujours à l'envahisseur titanesque. Il s'agit des membres restants du bataillon d'exploration. N'ayant plus rien des jeunes recrues de la première saison qui maitrisaient à peine leur équipement tridimensionnel. Et qui au fil des années, se sont endurcis au point où ils ont au moins autant de sang sur leurs mains que ceux qu'ils ont toujours combattus jusqu'alors.


Ces adversaires d'hier étant les titans restants que sont Reiner le cuirassé, et Annie le féminin. Ainsi que ceux apparus dans la saison 4 comme Peak le charrette. Et Falco le faucon qui en est devenu un malgré lui, mais qui sera d'un soutien capital lors de la bataille finale. Eux aussi n'ont plus rien de la menace qu'ils étaient au début de l'œuvre. Et qui, face au danger absolu que représente Eren, ont dû s'unir afin de constituer le dernier rempart de l'humanité.


Un rempart avec à leur tête Hansi. Major des survivants du bataillon ayant succédé à Erwin à la fin de la saison 3, et qui passera le flambeau à Armin avant de se sacrifier pour laisser à ses subordonnés le temps de fuir le grand terrassement en hydravion. Un acte pas aussi épique que l'assaut désespéré de son prédécesseur face au titan bestial à l'époque, mais bien plus émouvant. Et à qui Livaï rendra un dernier hommage poignant en lui ordonnant "d'offrir son cœur" ("Shinzou wo sasageyo" pour les intimes). Au final, cette obsédée des Titans aura accompli son rêve en mourant au plus près de ces créatures qu'ils l'ont toujours fasciné. Et qui, dans l'au-delà, retrouvera ses anciens camarades tombés au combat, dont Erwin. Salut l'artiste.


Partie 2 : L'attaque finale des Titans


8 mois plus tard (dans le monde réel), nous y voilà. Le point culminant de ces 10 années de diffusion d'AoT. La bataille finale qui aura lieu au sein du dernier bastion de l'humanité à Slatoa. Vers lequel Eren avance sans s'arrêter avec son armée de colossaux et de titans primordiaux. Bien décidé à "tous les tuer jusqu'au dernier". Une phrase datant des premières saisons, mais prenant une tout autre signification ici. Car non pas destiné aux titans comme on aurait pu le croire, mais bien envers le monde entier qui aura martyrisé son peuple durant des siècles.


Tout ce carnage pour, selon lui, offrir la liberté à ses amis. Et à qui il leur laissera le choix de le tuer, et l'avenir de ce monde. Parce que le plus libre ici, ce n'est certainement pas Eren qui est en réalité prisonnier de son propre destin. Une prison que j'imagine matérialisée par l'immense squelette constituant l'Originel en guise de cage. Où s'entremêlent les souvenirs du passé, présent, et futur. Jusqu'à la toute fin, Eren aura été un personnage d'une complexité inédite dans le genre. Passant du héros de l'œuvre, au bourreau de l'humanité.


Une humanité qui est littéralement au bord du gouffre. Et faisant ce qu'elle peut pour sauver ce qui lui reste. À l'instar de ce bébé dans une scène directement inspirée du film La liste de Schindler de Steven Spielberg. Où tous les personnages à l'écran sont en noir et blanc sauf lui. D'ailleurs pour l'anecdote, la voix de ce bébé qui pleure est celle de l'enfant de Yūki Kaji. Le doubleur d'Eren dans sa version japonaise. À peine né et déjà un pied dans le monde du doublage. Sacrée famille.


Pour autant, cette fin du monde imminente n'efface pas totalement la rancœur entre les Mahrs et les Eldiens restants. Les oppresseurs, et les oppressés qui étaient à deux doigts de s'entretuer à nouveau. Et qui auraient été très probablement exterminés sans l'arrivée providentielle des forces de Paradis. Constitué des derniers titans, et de ce qui reste du bataillon d'exploration.


Parmi eux, ce bon vieux Livaï en figure de proue. Qui, bien que diminué physiquement, ne nous a une fois de plus pas déçus. Toujours aussi décisif avec une démonstration de force digne de son apogée à la saison 3 (surtout en termes d'animation). Et qui se sera conclue en obtenant la vengeance qu'il a tant désirée. En arrachant la tête de ce "putain de poilu" de Sieg, qui semble avoir accepté son sort. Et stoppant par la même occasion la marche des colossaux. Le boss, définitivement.


Un des moments qui m'aura le plus chamboulé dans cette bataille (tout comme dans le chapitre de l'époque), fut la métamorphose en titans de la quasi-totalité des Eldiens restants par l'initiative d'Eren. Qui, dans un avant-dernier souffle, libérera un gaz ayant le même effet que le liquide cérébro-spinal de Sieg. Transformant notamment Jean et Conny qui avaient compris à ce moment-là que c'était la fin pour eux. Et nous aussi. Si AoT se serait terminé d'une manière si dramatique, nul doute que l'accueil aurait été bien différent.


Il ne restait plus que le colossal d'Armin pour tenir tête à un Eren décidément plein de ressources. Durant un face-à-face littéralement titanesque où les deux amis s'affrontent à armes égales. Sans oublier un passage très important dans l'Axe où il avait préalablement réussi à dissuader Sieg avant sa capitulation. Et où Eren lui balancera tout ce qu'il avait sur le cœur avec une sincérité et une vulnérabilité étonnantes de sa part. En ce qui concerne les raisons l'ayant poussé à agir ainsi. Les conséquences de ses actes, avec notamment le fait qu'Eren ait instrumentalisé sa propre haine en provoquant la mort de sa mère dans la S1 (encore un sacré plot-twist). Et les sentiments réels qu'il éprouvait pour Mikasa.


Cette dernière qui sera l'unique personne en mesure d'arrêter définitivement Eren. Alors que c'était la plus réticente à s'y plier. Elle finira par lui porter le coup de grâce non pas seulement par ordre, mais surtout par amour. Un amour et une allégeance dont Ymir n'a jamais pu se défaire du tyrannique Roi Fritz même 2000 ans après la mort de ce dernier. Et qui, par le geste de Mikasa, s'en retrouve libérée à son tour. On la voit d'ailleurs sourire pour la toute première fois à l'issue d'une scène que je trouve parfaite et sublimée dans l'anime. Comme l'a dit cette chère Ackerman : "À plus tard, Eren".


Un épilogue clivant


Avec la disparition d'Eren, c'est l'existence même des titans qui est réduite à néant. Rendant l'apparence d'origine à tous ceux qui ont été transformés à leur insu. Armin, Reiner, Annie, Peak, Falco, ainsi que la mère de Conny, sont redevenus de simples humains qui ont désormais toute la vie devant eux. Les Eldiens sont libérés de leur condition conformément au souhait d'Eren. Et n'ont donc plus aucune raison d'être en conflit avec les Mahrs et le reste du monde. Du moins en théorie dans un monde idéal.


Mais dans la pratique, c'est un tout autre son de cloches qui retentira. Car cette paix ne sera qu'éphémère. Et c'est tout l'objet (et le problème) de cet épilogue faisant plusieurs sauts dans le temps afin de nous montrer une civilisation qui ne cesse d'évoluer, mais qui n'arrêtera jamais de se faire la guerre comme on le voit dans les crédits de fin. Un peu comme dans notre propre monde à nous dont l'histoire est rythmée par les conflits. Ce qui est assez déprimant, car c'est comme si tous ceux ayant risqué et donné leurs vies pour assurer un futur à l'humanité, l'ont fait pour rien. Puisque ça n'empêchera pas le monde de s'embraser bien après eux. Cela dit, ça reste cohérent avec la notion de cycle qui revenait souvent dans le manga. L'histoire étant un éternel recommencement.


Cependant, il faut aussi voir le verre à moitié plein. Car même durant les moments les plus sombres, l'espoir n'est jamais loin et l'humanité peut être capable du meilleur. Et c'est aussi le propos de ce manga qui nous montre à travers son récit et ses personnages, comment triompher de l'adversité et aller de l'avant.


La seule chose qui restera immuable dans le temps, est cet arbre où tout commença et où tout recommencera. Lui qui sera témoin des guerres qui secoueront l'île de Paradis durant des siècles. Et qui finira seul au milieu des ruines de cette civilisation lointaine. Jusqu'à ce qu'un jeune explorateur le trouve. Faisant ainsi écho à Ymir qui avait elle-même fait le chemin jusqu'à un arbre qui contenait la source des titans. La boucle est bouclée.


D'ailleurs en parlant de boucle, c'est le groupe de musique japonaise Linked Horizon qui nous a offert à la fois le premier, et l'ultime opening de l'anime. Avec leur single "Saigo no Kyojin" qui est sorti le même jour que l'épisode final, et rappelant beaucoup "Guren no Yumiya" dans sa mélodie. Un opening de qualité avec de belles images dedans. Même si le meilleur restera à tout jamais le "Shinzō wo Sasageyo!" de la S2.


De toute manière, je ne m'attendais pas à ce qu'un manga aussi sombre qu'AoT ait droit à un total "happy end". Surtout quand on réalise que presque tous les personnages qu'on a suivis au fil des saisons ont péri. Que 80% de l'humanité et de la biodiversité ont été décimées. Et que même la mort d'Eren ainsi que l'extinction des titans ne résoudront pas les conflits à venir. Notamment par la présence des pro-Jäger qui se sont établis sur l'île de Paradis. Et vers laquelle notre groupe s'y dirige à la toute fin pour leur prouver que ce ne sont plus des titans. On ne saura jamais si ces négociations auront abouti ou non.


Mais ce qu'on sait, c'est que Mikasa coulera des jours heureux aux côtés de sa nouvelle famille. Tout en gardant une place dans son cœur pour Eren qu'elle aura enterrée près de l'arbre dont j'ai déjà parlé. Et où elle y reposera à son tour sans jamais quitter sa fameuse écharpe rouge. Symbole du lien éternel l'unissant à son bien aimé.


En tout cas même si cette fin aura divisé, je suis content qu'elle n'ait pas été dénaturée dans l'anime. Pas simple à appréhender au premier abord, et libre d'interprétations. Tout ça pour dire que AoT, c'est la vie. Littéralement.


Conclusion


Finalement, cette S4 n'aura pas été ma préférée de AoT. Non pas à cause du changement de studio qui, malgré des débuts hésitants et controversés, n'ont fait que se perfectionner jusqu'à une fin de saison incroyable visuellement et intense émotionnellement. Non pas à cause de l'évolution des enjeux devenus plus politiques et moins centrés sur les titans. Mais tout simplement à cause de son rythme de diffusion. Trois ans pour une saison soi-disant finale, c'est de l'abus. Et quand on a connaissance des problèmes internes chez MAPPA, ça n'a pas aidé à apprécier pleinement.


Néanmoins, AoT restera une des œuvres les plus influentes de son ère. Très peu d'animes peuvent se vanter d'avoir suscité autant d'engouement que lui durant la précédente décennie. Une réputation forgée grâce à une adaptation de grande qualité. Une histoire passionnante faisant voler en éclats tout aspect de manichéisme. Et des personnages marquants auxquels les doubleurs y ont mis toute leur âme.

Un immense merci à l'auteur Isayama, et à tous ceux ayant contribué à l'existence et au succès de ce projet titanesque.

Nindo64
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le 16 déc. 2023

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