L'Autre Monde
7.6
L'Autre Monde

Anime (mangas) WOWOW (1999)

REGARDE COMME IL EST GENTIL MON PERSO PRINCIPAL, HEIN T'AS VU IL EST GENTIL HEIN?

Une oeuvre dystopique, très bien notée sur senscritique, allègrement plébiscitée pour sa maturité et livrée en seulement 13 épisodes sans frais de port? Je signe où?


Et c'est ainsi que notre héros insouciant en quête de bons animés se lança, le torse bombé et plein de confiance, dans L'Autre Monde aka Now and then, here and there, sans chercher à en savoir davantage sur l'oeuvre afin de préserver l'effet de découverte. Bon, premier constat au bout de 10 secondes de visionnage : l'âge se fait ressentir notamment dans le character design quand on a pas trop l'habitude de voir des vieux animés, mais tranquille frère on s'y fait vite, puis au moins ça permet d'échapper aux désormais traditionnels yeux qui couvrent 50% du faciès des protagonistes aux cheveux de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. (à l'exception de Lala-Ru mais dans son cas c'est justifié) En continuant le premier épisode cependant, une peur commence lentement à s'emparer de moi : Shû. Vous l'aurez sans doute compris au titre de ma critique, ce personnage principal shônenesque, un jeune adolescent insouciant qui parle fort et qui veut aider tout le monde, m'a UN TOUT PETIT PEU énervé au point que l'envie de lui mettre des claques dès le premier épisode m'a empêché de me focaliser pleinement sur l'histoire et ses enjeux, et j'en suis le premier désolé. Mais patient et bon public comme je suis, j'essayai de me rassurer moi-même : "Ca va hé calme-toi Marcel (*nom modifié, vous croyiez que j'allais vous dire mon vrai blaze??), ils devaient sûrement avoir un but pour mettre un personnage principal niais, tranquille on en est qu'au premier épisode, allez prends tes calmants".


Shû se retrouve donc très rapidement à côté d'une jeune (ou pas......) fille aux cheveux bleus clairs et aux yeux étrangement vides, qui contemple le coucher de soleil d'un air mélancolique, Lala-Ru. Après quelques tentatives de mec un peu relou pour engager la conversation, voilà que des gros robots serpents volants pilotés par des soldats avec des flingues commandés par une bonnasse les attaquent dans le but d'enlever Lala-Ru. Notre héros, qui rappelons-le n'est qu'un gamin normal de pas plus de 15 ans vivant dans le Japon moderne, est complètement terrifié devant cette scène surréaliste, il assiste donc totalement impuissant à... hein quoi... attendez non pardon on m'annonce dans l'oreillette qu'en fait il défonce les robots serpents sans trembler une seule seconde, pète des espèces de grosses cheminées en pierre avec un putain de bâton puis tabasse les soldats qui semblent présenter une forme aïgue du syndrome du Stormtrooper, le tout pour sauver une meuf qu'il a rencontré y'a 10 minutes et qui veut même pas lui adresser la parole. 2 secondes je reviens, je vais prendre mes calmants... (et qu'on me sorte pas que c'est parce qu'il fait des arts martiaux hein déjà qu'on nous montre bien qu'il pue la merde au début de l'épisode, puis moi j'ai fait 5 ans de karaté quand j'étais petit et pourtant ça m'aurait pas empêché de me chier dessus si je m'étais fait agresser dans la rue)


Mais trop tard honhonhon la commandante bonnasse a déjà activé le dispositif de transport vers l'autre monde (qui vous vous en doutez déjà n'est que notre monde mais dans un futur très lointain). Shû se fait donc courser par des enfants-soldats (tiens mais ils ont des têtes gentilles, je me demande si ils vont pas devenir amis avec le héros), et puisqu'on en est déjà à l'épisode 2 vous comprenez l'animé se dit qu'on doit avoir oublié que Shû ben il est gentil et puis il a un grand coeur et puis il veut aider tout le monde, il juge donc bon de nous le rappeler en faisant Shû sauver son adversaire adolescent lui aussi qui allait tomber dans le vide alors que ce dernier essayait de le buter y'a 5 min, moooooh mais qu'il est gentil. Je me demande à quoi ça aurait ressemblé si son adversaire avait été le soldat hyper baraque qui essaie de violer Sarah dans l'épisode 6, peut-être qu'il aurait été trop lourd et que Shû serait tombé avec lui en essayant de le faire remonter (laissez-moi rêver...).


A ce stade je vous cache pas que j'ai commencé à me faire à l'idée que j'allais bel et bien devoir me farcir un héros insupportable pour toute la durée de l'animé, cependant un autre personnage a suscité mon intérêt : Hamdo, le méchant. Bipolaire, tantôt psychopathe sadique tantôt froid et réfléchi, j'aimais vraiment la façon dont il pouvait d'abord se montrer doux et mielleux pour essayer d'obtenir ce qu'il veut, mais perdre immédiatement son calme lorsqu'il réalise que son interlocuteur n'a pas du tout l'intention de lui obéir au doigt et à l'oeil, commencer à transpirer, s'arracher les cheveux et prendre une voix aïgue, et enfin se ressaisir et commencer à donner des ordres très censés. Bien sûr tout ça c'est seulement pour éveiller la curiosité du spectateur, tout ce qu'on sait de lui pour l'instant c'est qu'il est fou et c'est pourquoi j'attendais avec impatience d'avoir un peu plus d'information sur lui, son passé sa psychologie etc... Nous y reviendrons ultérieurement. (suspeeeeeense héhéhé)


Revenons donc à Shû (noooon pas déjà), après avoir été capturé il est emmené devant Hamdo qui veut récupérer le pendentif de Lala-Ru qu'il soupçonne être en sa possession. Donc en gros Shû se retrouve dans un monde inconnu, il sait pas où il est ni comment il est arrivé là ni même si il pourra rentrer chez lui, il sait pas si il pourra revoir sa famille, ses amis, sa ville, y'a 36 000 questions qu'il doit se poser, d'ailleurs il est prisonnier de gens qui pourraient le buter à n'importe quel moment, à votre avis quelle est la première chose qu'il demande... "Elle est où Lala-Ru?" (à lire avec une voix ridicule).............................
PUTAIN MAIS MEC
TU L'AS VUE PENDANT 10 MINUTES CETTE S*****, T'ES SÛR QUE T'AS PAS D'AUTRES PRIORITÉS ACTUELLEMENT?
(désolé je vais reprendre des calmants).


S'ensuit ensuite une partie pendant laquelle il se fait torturer quotidiennement pour révéler où il a mis le pendentif (qu'il a jamais touché), mais ça va hein quand on le voit le soir il a rien juste un peu de poussière sur les joues et mentalement il va très très bien aucun soucis, dis-donc ils ont vraiment des nerfs en acier les gamins japonais. Evidemment hein il a jamais l'air d'avoir envie de rentrer chez lui ou peur de se faire tuer, nan nan toujours Lala-Ru par-ci, Lala-Ru par là. Dans Re:Zero (que je soupçonne de s'être au moins un peu inspiré de NTHT, et que j'ai pas spécialement aimé non plus d'ailleurs) au moins l'obsession du héros pour la meuf à sauver est simplement justifiée par le fait qu'il la love, et d'ailleurs il passe son temps à lui faire des remarques de beauf, bon c'est chiant mais au moins on comprend l'idée, alors qu'ici j'étais vraiment dans l'incompréhension la plus totale, qu'est-ce qu'il lui veut à la fin bordel? On rencontre ensuite le personnage de Sarah, jeune ado étasunienne qui s'est retrouvée ici après avoir été prise pour Lala-Ru : cette dernière ayant maintenant été trouvée, Sarah ne sert plus qu'à faire "passer du bon temps" aux soldats. Mais... que vois-je... mais oui c'est ça, c'est un personnage un minimum réaliste, elle se fait violer quotidiennement du coup elle passe son temps recroquevillée dans sa cellule à chialer et elle a l'air aux anges quand elle croise quelqu'un d'autre qui vient de notre monde, comme ferait n'importe quel(le) jeune normalement constitué dans cette situation. Prends-en de la graine enfoiré de Shû!


Bon bref je vais pas non plus vous réciter toute l'histoire, vous avez déjà du comprendre mon propos, je vais simplement encore m'attarder sur quelques points généraux qui le méritent.
Comme je l'ai déjà dit, l'animé continue tous les 2-3 épisodes à nous marteler avec le fait que Shû est fermement opposé à la violence qu'il est inébranlable dans ses convictions et qu'il a un grand coeur (entre autres : il défie l'autorité sans jamais avoir peur en refusant de fouetter un soldat qui est pourtant qu'un sale enfoiré, et qui de toute façon allait se faire fouetter, il empêche ses camarades de tuer un assassin, il défie toute l'armée d'Hellywood en libérant des enfants qui allaient être enrôlés, etc etc). Non seulement ce bourrage de crâne est déjà énervant en soi, mais en plus il en résulte un perso totalement irréaliste auquel on peut à aucun moment s'identifier, encore si on pouvait lire un minimum d'hésitation, de doute ou de peur de se faire exécuter/fouetter pour sa désobéissance dans ses yeux à la limite ok, mais non même pas alors que c'est censé être qu'un gosse normal à la base. Alors les fans de la série vous énervez pas, j'ai bien compris que l'intérêt de NTHT n'est pas censé résider dans son personnage principal, et que si il est aussi niais et optimiste c'est pour mettre en relief les horreurs qui sont commises dans ce monde dystopique. Mais c'est pas parce que ça met en scène du viol, du meurtre et des enfants soldats et j'en passe que c'est forcément un bon animé, et puis la critique de la puissance capitaliste qui pille les ressources naturelles des pays moins développés tout en leur promettant la liberté qu'on avait cramé dès l'épisode 2 ("ooooh mais tiens est-ce que Hellywood ça fait pas référence aux Etats-Unis par hasard?"), c'est un peu du vu et re-vu dans le cinéma donc ça suffit pas à en faire un "orwell miyazakien" comme j'ai pu lire dans une autre critique (j'ai pleuré du sang d'ailleurs quand j'ai vu ça).


Bon à présent parlons un peu de Hamdo car clairement sans lui et sans les très bonnes notes j'aurais vraiment dû prendre sur moi pour trouver la motivation de continuer. Ce qui m'intéressait chez lui c'était que puisqu'il est complètement fou, j'avais l'impression qu'il était convaincu d'oeuvrer pour le bien du monde, ce que je trouvais intéressant car en décalage avec toutes les atrocités qu'il commettait. Quelle ne fut donc pas ma déception quand je me rendis compte qu'en fait non, en fait il veut juste être le maître du monde et avoir tout le monde à ses pieds.... wooooow donc finalement c'est juste un fou mégalomane, je me demande comment ils ont trouvé l'idée. Et c'est là que se dessine finalement le principal reproche que je fais à cette série, un défaut que je déteste particulièrement : elle est trop manichéenne. Dans Madoka par exemple, un excellent animé qui traite du bien et du mal, les persos font tous le mal en essayant de faire le bien, même Kyubey n'est pas réellement mauvais puisqu'à long terme il pense que ses actions seront bénéfiques même pour la Terre (et a-t-il tort finalement?), ce qui nous amène à plusieurs questions intéressantes : d'où vient le mal? Pourquoi aussi bonnes nos intentions soient-elles, elles ont pourtant toujours des conséquences mauvaises? Le désespoir est d'autant plus grand qu'on n'a aucune idée de ce qu'il faudrait faire pour éliminer le mal car il nous colle à la peau et se reflète perpétuellement dans nos actions. Dans NTHT, certes vous me rétorquerez que les enfants soldats tuent et capturent d'autres enfants alors qu'ils sont pas vraiment méchants, ils veulent juste rentrer chez eux, ou encore que les habitants de Zari-Barth voulant lutter contre la tyrannie d'Hellywood finissent par se montrer aussi cruels que ceux qu'ils combattent, ce qui est aussi un bon exemple de comment la volonté de faire le bien peut mener à faire le mal, sauf qu'ici la finalité de tout ça c'est que tout le mal vient de... Hamdo. Il est méchant parce qu'il est méchant point barre, et si on le bute ben ça y est problème réglé, et c'est vraiment dommage parce que je pense vraiment qu'un meilleur développement de ce perso pour comprendre comment il en est arrivé là aurait peut-être pu faire évoluer mon avis vers une critique positive.


Voilà, pour conclure NTHT est à mon sens beaucoup trop encensé pour ce qu'il est réellement, même si tout n'est pas à jeter et que l'histoire bien que pas hyper originale (on va dire que c'est parce que c'est vieux) reste assez intéressante à suivre pour peu que l'on arrive à supporter le personnage principal, ça a quand même le mérite de rester court et concis (encore heureux).
Tout de même, une déception de mon côté.

Ionesboule
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le 28 juin 2017

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