Pour bien l’interpréter, il faut distinguer deux dimensions dans "l'Effondrement". Une dimension socio-économique, assez macro, qui dépeint un effondrement économique de la société pour des raisons aussi confuses que soudaines, et une dimension humaine, plus resserrée, qui dépeint comment les uns et les autres luttent pour leur survie. Si la première dimension manque de corps et s’essouffle assez vite autant par choix scénaristique que par une probable difficulté à lui donner de la crédibilité, la seconde dimension est parfaitement maitrisée et fait de cette série un véritable Black Mirror à la française.
Car bien que cet effondrement n'ait aucune espèce de sens d'un point de vue socio-économique, on ne peut que saluer l'inventivité de la série en termes de mise en scène, de format et d’interprétation. Chaque épisode (à l'exception notable du dernier, malheureusement raté) est une véritable pépite pétrie d'une tension qui nous tient en haleine à chaque minute.
De cette tension on retiendra forcément les épisodes de la station service, de l'aérodrome et bien sûr de l'île, auxquels le principe du plan-séquence sied parfaitement et qui vous feront retenir votre souffle durant quinze à vingt interminables minutes. On prend plaisir à retrouver certains personnages miraculés d'un épisode à l'autre, passés cyniquement au statut de proie après avoir été des prédateurs...
Et que dire de la séquence de l'EHPAD... Celle-ci, je l'avais redoutée dès l'avoir vue dans ce qui était à suivre... C'est sans doute la plus forte en émotion mais elle réussi à ne pas aller dans le pathos, elle se suffit à elle-même, elle montre un héro n'arrivant pas à abandonner ces grabataires pour qui il est le dernier lien les tenant à la vie... Quand on connait les difficultés actuelles des certaines maisons de retraite, c'est très bien vu d'aborder cette thématique.
Dommage tout de même que le dernier épisode à J-5 ait été autant caricatural et dénué d'éclaircissement sur l'histoire. Certains reprocheront également à l'épisode de la centrale nucléaire d'être confus et encore une fois peu crédible, mais il a le mérite de monter des gens réunis çà et là qui se débrouillent comme ils peuvent quitte à se voiler la face.
Dans tous les cas, le format court et les talents de réalisation mis en œuvre dans cette série valent indubitablement le coup d’œil. A ne pas manquer.