Mark Millar continue de faire adapter ses histoires et, en dépit des retours peu fameux sur Jupiter's Legacy, c'est de nouveau sous la forme d'une série diffusée sur Netflix que son comics American Jesus est transposé. Le titre de l’œuvre, et le re-titrage du show, ne trompent pas : l'intrigue se base sur une symbolique biblique évidente et ne lésine pas sur les métaphores à la foi chrétienne. Pour cause, un jeune garçon d'un village mexicain se découvre des pouvoirs similaires à ceux du Christ. Évidemment, l'inquiétude initiale des habitants - très pieux - précède le dévouement face aux miracles, mais aussi leur égoïsme, chacun voulant en profiter. Leur foi est ainsi mise à l'épreuve, transposant l’aveuglement envers les principes religieux dans un contexte contemporain. Cette parabole sociale autour de la religion reste prévisible, et même malaisante par moment (épisode 5).
Les acteurs ne sont pas extraordinaires, et les protagonistes sont principalement des enfants aux jeux variables. Toutefois, la production s'imprègne totalement de l'environnement mexicain, que ce soit dans le casting, la langue (espagnol, majoritairement), la culture présentée, ou le tournage authentique en Basse-Californie. On profite alors d'une belle imagerie aidée par les paysages désertiques, la diversité des environnements socioculturels, et les dominances de couleurs primaires pittoresques. Le réalisateur Everado Gout parvient à se délester de cette base de comics pour laisser la série gagner sa propre identité, notamment avec des choix de mise en scène arthouse/indie. Selon la temporalité, son cadre varie d'un ratio ultra-large à un présent en 1.33 qui se pare alors d'une ambiance rétro surréaliste adéquate. Le dernier épisode propose un montage cinématographique vraiment chouette, mais un peu pompeux. Dans l'ensemble, on a surtout une introduction à l'univers, avec pas mal de zones d'ombre encore. Et je doute qu'une 2ème saison voie le jour.