La pause estivale a d'autres avantages que la bronzette, les apéros en terrasse et l'allègement de la charge de travail. Les vacances de nos programmes favoris sont l'occasion de découvrir des pépites à côté desquelles on était passé.
Le titre délibérément racoleur de l'avant dernier épisode de cette série Youtube animée par Pacôme Thiellement pour Blast a attiré mon œil avide de nouveauté. Bien m'en a pris, car j'ai adoré cette série de commentaire historique qui développe une thèse originale en prenant appui sur des épisodes et des auteur.ice.s méconnu.e.s de moi.
Dans un format très rythmé, malgré sa longueur et sa densité, Thiellement cherche à nous amener à repenser certains grands mythes de notre histoire romano-chrétienne en questionnant leurs fondements idéologiques. La robustesse des références ne fait aucun doute, et si certains experts pourront sans doute lui reprocher ça et là des simplifications, on est vite convaincu du sérieux du travail réalisé. Autre vertu, Thiellement assume la portée interprétative de son propos, ne cherche pas à tromper son public sur la marchandise. Sa relecture progressiste de certains personnages ou épisodes trouve un écho bienvenu alors que la guerre culturelle (que théorisait Gramsci comme il le rappelle) est devenu le cheval de bataille de l'extrême droite. Un combat revitalisé en France par Philippe de Villiers, comme l'avaient très bien montré Usul et Ostpolitik dans leur portrait du vendéen pour Blast, et qui se traduit encore récemment par des coups de menton révisionnistes de certains dirigeants à l'égard de Pétain ou aux idéologues de l'Action françaises comme Jacques Blainville.
En nous incitant à nous réapproprier des figures aussi totémiques que Jésus ou Jeanne-d'Arc, en faisant émerger les récits tus de l'histoire scolaire autour des Cathares ou de la conquête romaine, en invoquant la pensée d'intellectuels alternatifs comme celle de Simone Weil ou en rappelant l'écart béant entre la pensée du Christ et l'institution chrétienne, Thiellement ne fait pas que nous instruire. Il offre l'opportunité à ses spectateurs de se réapproprier une partie de leur histoire et de comprendre que celle-ci est d'autant plus politique qu'elle se prétend sacrée et unique. Un très bel écho à mon morceau préféré de Rocé : "Des problèmes de mémoire" :
https://www.youtube.com/watch?v=V1HYjBllLoc