Très clairement, on est persuadé que c'est typiquement le genre de série qu'il ne faut absolument pas revoir (ce qui, par ailleurs, est assez simple car elle ne repasse sur aucune chaîne et n'a pas eu les faveurs d'une sortie DVD). On se dit, voilà une série qu'on adorait à dix ans et qui ne pourra pas résister à l'œil adulte critique. Et là, surprise... L'Homme qui tombe à pic n'est certainement pas une série novatrice qui s'appuie sur des scénarios de première main, mais elle fonctionne à merveille même quarante ans après. La raison toute simple pour laquelle elle fonctionne est dans son concept même. Ma petite tête de linotte avait en effet oublié que le métier du principal protagoniste Colt Seavers (avec un Lee Majors autrement plus convaincant que dans L'Homme qui valait trois milliards qui, pour le coup, a très mal vieilli) était davantage qu'un simple élément pour décrire la personnalité de celui-ci.
L'Homme qui tombe à pic, ce n'est pas seulement quelques cascades simulées par-ci, par-là avec de vilaines transparences pour faire croire que Lee Majors réalise lui-même quelques cascades. L'Homme qui tombe à pic est une série qui, au travers de scénarios alibis, enchaîne de formidables cascades impressionnantes telles celles qu'on pouvait voir dans les films américains des années 70. Il n'est pas ici question d'écran vert ou de montage saccadé mais de scènes amples montrant l'intensité des cascades réalisées. Pour une série, c'est peu dire que les moyens ont été mis pour casser de la tôle et pour payer de très bons cascadeurs. Et le résultat est payant car la qualité des cascades fait la qualité de cette série, d'autant que celle-ci a l'intelligence de trouver le juste ton avec des intrigues gentiment policières (Colt Seavers est chasseur de primes).
L'esprit est léger (on ne trouve pas plus de morts que dans L'Agence tous risques), l'humour est parfois un peu balourd mais on ne verse pas dans l'idiot (on n'est pas dans Shérif, fais-moi peur), les personnages sont attachants (du cousin Howard un peu benêt malgré ses allures de bellâtre en passant par Jodie, plus gentille fille que véritable bimbo, et "Suspence" puis Terry qui emploient Colt pour retrouver les fugitifs), on y trouve le goût du pastiche et un certain amour pour un cinéma aujourd'hui disparu qui rend cette madeleine encore plus délicieuse. Bien entendu, certains épisodes ne sont ni faits ni à faire, le schéma de la course-poursuite (au sens propre et figuré) peut paraître répétitif au fil des épisodes mais le résultat général possède un capital sympathie qu'il est difficile de nier, jusqu'à son générique qui annonce parfaitement la couleur.
Une série qui fleure bon le cinéma des années 70 et 80, qui est un bel hommage au monde des cascadeurs et qui intègre parfaitement les éléments qu'on pouvait trouver à l'époque. La dénigrer sans la revoir est certainement une erreur car c'est un divertissement d'action vraiment très efficace.