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Urgences rencontre Twin Peaks pour te donner des sueurs froides sous une lumière blafarde

L'Hôpital et ses fantômes (ou Riget en version originale, pour les fans de prononciation danoise hasardeuse), c’est un peu comme si tu entrais dans un hôpital qui avait fusionné avec une maison hantée, le tout dirigé par un David Lynch sous calmants. Ici, il ne s’agit pas simplement d’un hôpital où les opérations se succèdent, mais d’un véritable asile surréaliste, où les fantômes errent dans les couloirs à côté des médecins en blouse blanche. Si tu pensais que la peur venait des piqûres et des opérations, tu n’as encore rien vu.


Imaginé par Lars von Trier (oui, celui qui aime rendre chaque chose un peu plus étrange qu’elle ne devrait l’être), L'Hôpital et ses fantômes est un OVNI télévisuel qui combine l’horreur, le thriller médical, et l’humour noir dans un seul et même bloc opératoire. C’est comme si Grey’s Anatomy avait été réalisé par quelqu’un ayant passé un peu trop de temps dans les sous-sols de l’hôpital à écouter des histoires de poltergeists entre deux consultations. Si tu n’as jamais eu peur des hôpitaux, cette série pourrait bien te donner des raisons d’éviter les salles d’attente après la tombée de la nuit.


L’histoire se déroule dans le Riget, un hôpital danois en apparence normal, si ce n’était pour cette légère tendance à attirer des phénomènes paranormaux et des personnages complètement à la dérive. Des médecins arrogants aux patients qui semblent plus proches des morts que des vivants, chaque personnage est plus bizarre que le précédent, mais c’est justement cette galerie de personnages excentriques qui fait tout le charme du Riget.


Prenons le Professeur Helmer, un neurochirurgien suédois tellement imbu de lui-même qu’il semble être en guerre constante avec tout le monde… et même avec les lois de la réalité. Ce mec est aussi froid qu’un scalpel, mais ses répliques cinglantes sont un régal, surtout quand il tente de garder son calme face aux événements surnaturels qui le dépassent complètement. Imagine un médecin suédois qui oscille entre rationalité clinique et crises existentielles provoquées par des fantômes : c’est lui.


Mais ne t'attends pas à des fantômes à la Casper ; ici, ils ne sont pas là pour t’apporter des draps propres ou te dire de bien prendre tes médicaments. Ce sont des présences oppressantes, qui se manifestent sous des formes diverses et mystérieuses, comme cette petite fille qui apparaît dans les couloirs de l'hôpital, bien plus flippante qu’adorable. Entre les apparitions spectrales et les bruits étranges provenant des profondeurs du sous-sol, l’ambiance est pesante, presque suffocante. C’est un hôpital où chaque recoin semble cacher un secret morbide.


Et comme si ça ne suffisait pas, il y a cette constante impression que l’hôpital lui-même est un personnage. Ses murs, ses plafonds, ses ascenseurs récalcitrants : tout semble vivant, presque comme si l’édifice avait une âme maléfique qui joue avec les nerfs des médecins et des patients. Les plans de caméra, souvent inclinés et claustrophobiques, renforcent cette idée d’un lieu qui se referme lentement sur ses occupants. On se sent piégé dans cet espace où la frontière entre la vie et la mort est aussi fine qu’une feuille de papier chirurgical.


Mais attention, tout ça n'est pas qu'une descente cauchemardesque sans répit. Lars von Trier saupoudre son œuvre d’un humour noir savoureux, comme si même les moments les plus angoissants devaient être contrebalancés par un éclat de rire nerveux. Les personnages sont souvent à la limite de la caricature, que ce soit le personnel médical, aussi arrogant qu’incompétent, ou les patients qui se retrouvent dans des situations improbables. Tu te surprendras à rire devant des situations qui devraient normalement te glacer le sang, mais c’est ça, le talent de L'Hôpital et ses fantômes : te faire passer de l’effroi à l’absurde en un clin d’œil.


Et puis, il y a cette narration intrigante, ponctuée par des interludes de Lars von Trier lui-même, qui apparaît en voix-off, tel un chef d'orchestre sardonique, commentant les événements avec un détachement qui frôle le cynisme. Ces moments cassent la quatrième muraille, et tu te retrouves face à ce créateur un peu démiurge, qui semble dire : "Je sais que tout ça est fou, mais accroche-toi, ça ne fait que commencer."


Visuellement, L'Hôpital et ses fantômes est un plaisir pour les amateurs d’esthétique sombre et granuleuse. Tournée en vidéo, la série adopte un look brut, presque documentaire, qui renforce l’idée d’un monde tangible, mais distordu. C’est comme si tu regardais une vieille cassette VHS d’un hôpital abandonné, et ce grain visuel ajoute à l’atmosphère pesante de la série. Les lumières blafardes des couloirs d'hôpital sont omniprésentes, donnant cette sensation de malaise constant, comme si la réalité elle-même était malade.


En résumé, L'Hôpital et ses fantômes est une œuvre unique en son genre, un mélange de thriller médical, d’horreur psychologique et d’humour noir qui te laisse aussi perplexe qu’addict. C’est une plongée dans un univers où la médecine rencontre le surnaturel, où la logique s’effondre face à l’inexpliqué, et où chaque épisode te rapproche un peu plus de la folie… ou du génie. Si tu es prêt à embarquer pour un séjour à l’hôpital comme tu n’en as jamais vu, accroche-toi, parce que Riget te réserve des diagnostics que tu n’oublieras pas de sitôt.

CinephageAiguise
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 1994

Créée

le 15 oct. 2024

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