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J'ai jeté un œil à cette série pour une raison si vile, si mesquine et honteuse que j'avais sincèrement envie de lui trouver du bon. De me trouver du bon, de nous trouver du bon tous, de croire encore que l'intelligence et la bienveillance conjurent toutes les malédictions, que la vérité et la beauté triomphent parfois des passions tristes qui agitent dans l'ombre ces démons aussi inconsistants que tenaces complaisamment appelés réseaux sociaux...


C'est raté. Diantre que c'est mauvais ! C'est clinquant, convenu et bidon. Je souhaite bien du courage à qui voudrait relever toutes les invraisemblances du scénario, les cliffhangers piteux et les détails ridicules... Allez, un pour l'exemple : la MILF négociatrice qui dégage sa nuque avant chaque coup de fil au chef des malfaiteurs et libère sa chevelure ceci fait, en signe de décontraction après toute cette incroyable tension sexuelle. Oui, moi aussi ça me rend dingue quand on me parle publiquement de simulation d'orgasme au boulot.


L'esthétique : j'eus préféré qu'il n'y en ait pas. Passons sur les mouvements de caméra cheap blockbuster pour nous arrêter sur la photo : ce contraste d'image désaturée et piquetée d'éléments rouges, comme le danger, le sang, l'interdit et la nuance "pirate - 104" du lipstick Allure de Chanel, ça ferait pas un peu pub pour parfum ? Ou pour voiture ?


Le cerveau, El Profesor : des lunettes rétro et une cravate mal ajustée sous une veste en tweed ne suffisent pas à parer un personnage du charme mystérieux d'un Mastroianni, pas plus qu'écouter les plus gros tubes du classique sur une vieille platine dans la solitude poussiéreuse de son cabinet ne font de lui un intello. Quant à son intelligence tant assénée, dès l'ep 1 ça part mal quand même, le mec demande à ses acolytes de tirer au sol pour faire une comédie mais n'a pas prévenu que la police riposterait pour de bon. C'est ballot ! Enfin, sa plus grande faute est tout de même d'avoir réuni ce casting de guignols stéréotypés, pour la plupart pas très bien campés ceci étant. Parce que quoi qu'ils fassent, et ils en font de belles, le scénario fait retomber leur chef sur ses pattes, tant pis si ça n'est pas du tout crédible, "c'était prévu".


L'héroïne : c'est Nathalie Portman dans Léon qui a pris quelques années et deux tailles de bonnet, mais guère de cervelle (y a un petit air d'Europacorp dans cette série d'ailleurs maintenant que j'y pense). Elle est belle, indépendante et fougueuse. La preuve, elle cause aux hommes en les toisant très près du dessous de ses longs cils, porte la capuche dans la rue et s'envoie des tequilas dans une scène crypto-saphique ; de quoi faire rêver la jeune adulte abonnée Netflix qui se fantasme en marginale sexy conformément à la mode.
La marginalité - si tu passes par là pseudo-féministe bling-bling, ce n'est pas ruer dans les brancards en voilant son regard coquin d'une mèche rebelle, c'est être isolé, "bizarre", pas toujours désiré voire fui, malgré de jolies fesses et un mascara impeccable.


La morale : El Profesor avait prévenu, "Une seule goutte de sang et pour l'opinion publique on passe de Robin des bois à fils de putes". Je ne connais pas personnellement Robin des bois, c'était sûrement un mec cool mais il me semble qu'il volait pour donner aux nécessiteux et non pour lui-même au prétexte que bon, c'est un mec cool mais il a connu des fins de mois difficiles.
Pour être franche le vice qui présidait à ce visionnage ne m'a pas tenue assez longtemps pour vérifier ce qui se profile sans nuance : l'argent c'est bon même si c'est mal mais l'amour est toujours le plus fort même si ça fout la merde. Je finirai donc sur ces mots : ça c'est ben vrai, l'amour ça fout la merde. On ne peut pas le retenir contre eux.

claucloc
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le 23 mars 2018

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claucloc

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