J'arrive après la bataille. Après la floraison des tee-shirts, hoodies, mugs, trousses, cahiers de textes. Après l'éclosion des reprises toutes plus pétées les unes que les autres de Bella Ciao. Bref, j'arrive après le tsunami Casa de Papel et je ne peux que constater les dégâts...
Séduit de prime abord par le fait que la série soit en langue espagnole et qu'elle propose un sujet ambitieux avec des têtes qui m'étaient toutes inconnues, j'ai déchanté au bout du 75ème rebondissement que le Professeur avait prévu mais que quand même face caméra il fait semblant d'avoir les foies, un peu comme Macron et le lobby des chasseurs devant la démission de Nicolas Hulot...
Les deux-trois premiers épisodes (version Netflix) sont séduisants. C'est rythmé, c'est sexy, c'est assez intelligent, y a du suspense, bref, le piège est habilement tendu et tel un belge à la coupe du monde, on se laisse niquer par la tactique à Dédé, on regarde jusqu'au bout et on perd (du temps) à la fin et on finit par avoir le belge... Enfin le seum quoi...
Parce que ce qui s'annonce comme une série de braquage ultra tendue ressemble plutôt à une saison des Feux de l'amour sous cocaïne et un peu sous acide aussi. En une dizaine de jours on a surtout vu des couples se faire et se défaire, des amours passionnels naître, mourir et renaître. (Intermède, pour tous les amateurs de "tubes" francophones oubliés des années 70 je vous invite fortement à cliquer sur le lien précédent. Fin de l'intermède). Et au milieu de ce soap opera dégoulinant de guimauve, on nous injecte des incohérences à n'en plus finir: des scènes complètes pendant lesquelles personne ne surveille les otages, toutes les scènes avec Tokyo (mais quelle connasse celle là... L'intelligence supposée du Professeur est d'ailleurs complètement annihilée par le recrutement du personnage le plus crétin et le plus détestable que j'ai vu dans une série... Putain les baffes qui se perdent...), la plupart des bluffs du Professeur sont en fait bien aidés par un côté Deux Ex-machina qui gave à la longue... Bref, ça tient de moins en moins debout au fur et à mesure de l'intrigue et on comprend mieux pourquoi le titre de la série c'est La Casa de Papel: si tu souffles dessus (surtout sur son scénario) tout s'écroule.
Alors vous me direz pourquoi avoir mis 5. D'abord par honnêteté intellectuelle: j'ai regardé jusqu'au bout (bon un peu pour pouvoir écrire cette critique) donc je ne peux pas mettre moins de 5 à une série dont je viens de me taper 22 épisodes de 45 minutes... Ensuite parce que j'aime beaucoup le personnage de Berlin (un des rares personnages vraiment intéressant et charismatique) et je trouve que l'interprétation de Pedro Alonso relève le niveau des acteurs dont le jeu est malheureusement souvent outrancier. Si le Professeur avait été un peu mieux interprété j'aurais pu l'adorer mais finalement il surnage à peine dans le marasme des Tokyo et autres Rio absolument insupportables... Y a aussi Arturo qui m'a bien fait marrer. Sorti de ça, je ne garde pas grand chose.
Et puis il faudra qu'on m'explique pourquoi les femmes ne peuvent discuter qu'en soutien-gorge devant des lavabos dans cette série...
Bref, une série qui voulait avoir des cojones mais qui passe surtout son temps à nous prendre pour des cabrones...