Comme le titre l'annonce, je vais concentrer ma critique sur le personnage de Berlin, et non sur la série dans son intégralité. Il y aura donc beaucoup de spoils (soyons honnêtes, il n'y aura que ça).
Pourquoi Berlin, alors que tous les personnages pourraient mériter des lignes d'analyse ? Parce que, selon mon point de vue, ce personnage est hautement problématique, voir dangereux. Même si j'ai appréciée la série, je ne pouvais pas passer à côté de ça.
Berlin, c'est qui ? C'es Andres, LE psychopathe de la bande de braqueurs. Il n'y a pas besoin d'avoir les rapports de police pour comprendre qu'il est macho, sadique, a un ego surdimensionné et est quasi incapable d'empathie. Mais, comme tous ses compagnons, il n'est pas qu'un criminel: c'est aussi un homme intelligent, capable de diriger toute une équipe (avec plus ou moins de succès), avec un certain sens de l'honneur et de l'amour pour son frangin, et surtout un homme mourant qui a décidé de vivre chaque jour comme le dernier (héros tragique, il est là).
Alors le soucis il est où ?
Le soucis, c'est que c'est un violeur qui meurt comme un héros.
On peut le voir dans le commentaire des fans, ou même des critiques de Senscritique: si quiconque remet son statut de personnage badasse, classe et même admirable en question, il n'a visiblement rien compris au personnage. Pire, c'est Ariadna la coupable.
Ariadna, vilaine Ariadna, a décidé de son plein gré de "vendre" son corps au preneur d'otage, pensant que c'était le seul moyen d'assurer sa survie. Même si vilain Berlin, qui cache en fait un cœur, commence par lui dire qu'il ne la tuera pas et qu'il ne veux pas faire l'amour si c'est du viol, elle y fonce. Et pendant tout le long du braquage. Mais le pire reste à venir: telle une veuve noire, une harpie sans honneur, elle accepte sa proposition de l'épouser et de rester à côté les derniers mois de sa vie de mourant, afin de toucher le pactole après qu'il ait clamsé. Lui qui lui dit espérer qu'elle tombe amoureuse, elle ne le contredisant pas. Vraiment, horrible cette Ariadna, laissant un homme sincère tomber dans son piège de manipulatrice puis de croqueuse de diamants. Elle a bien mérité d'être emmenée sous les balles dans la bataille finale de notre héros, qui se sacrifie pour sauver toute la bande.
Ok, je vous l'accorde, c'est légèrement caricaturale; mais vraiment, les commentaires sur Berlin ressemblent à ça ("meilleur perso de la série <3" ).
Du coup, pourquoi je ne suis pas d'accord, et pourquoi son traitement me semble dangereux ? C'est parti pour les tirets !
L'argument selon lequel Berlin n'est pas fautif parce qu'il l'a prévenu qu'il ne comptait pas la tuer avant même qu'il passe à l'acte est à FORTEMENT nuancer: on parle d'une femme, prise en otage, face à un braqueur qui dés le début s'essai à la torture psychologique sur ses otages. En plus de ça, il demande à tuer l'une d'elle. Pas beaucoup d'empathie le monsieur, et pas vraiment un modèle de confiance, surtout dans ce qui lui paraît, à juste titre, être une situation de survie.
Oui gentil Berlin lui a dit qu'il ne voulait pas pratiquer le coït si elle n'était pas consentante, et elle lui assure le contraire par une petite danse pas du tout malaise. Du coup, c'est lui la victime, comment il pouvait savoir ? Il a même commencé à avoir des sentiments le p'tit bout. Alors ... euh ... quoi ? Outre le fait que leur première fois est clairement filmée comme un acte violent et non consentant (déréalisation de la part d'Ariadna, Berlin qui n'a pas été long à convaincre ...), on est face à un homme présenté comme intelligent et ayant du recul sur ce qui l'entoure. Si toute personne dont le cerveau fonctionne normalement n'aurait pas eu besoin de réfléchir deux minutes pour se rendre compte qu'il est face à une femme effrayée qui essaye de sauver sa peau, chez lui ça marche pas. Et pourquoi ? Parce que c'est un psychopathe dont l'ego malsain le convainc lui-même que sa pauvre victime est en fait attirée par lui, mâle dominant irrésistible.
Enfin, vilaine Ariadna a voulu tromper le pauvre mourant et lui piquer son fric, juste après lui avoir craché à la gueule sur son lit de mort que c'est un connard de violeur. Premièrement, Ariadna n'est pas motivée par l'argent: déjà ce projet arrive tard parce que Berlin le propose, et ensuite, comme elle le dit à Monica dans un dialogue que perso j'ai trouvé extrêmement touchant, elle veut se venger. Elle veut faire souffrir son violeur autant qu'elle peut, et si pour ça il faut le conforter dans son ego et subir encore un peu, ok. Au moins, elle pourra lui rendre un millième du trauma qu'elle a subit et qui, comme elle le dit, a volé sa vie. Et en plus, elle prendra sa thune. C'est une victime qui a la rage, une femme qui va faire ce qu'elle peut pour reprendre un peu de pouvoir contre son agresseur, qui lui a pris bien plus. Perso, j'ai pas envie d'en faire une femme vénale pour ça.
Et au final, qu'est-ce qui se passe ? Nairobi (dont je suis pourtant tombée amoureuse un peu plus à chaque épisode), va lâcher la bombe à Berlin pour lui faire fermer son clapet. Pour une question de fierté. Parce que justement, Berlin étant aveuglé par son ego, c'était le seul moyen de lui faire mal - parce que non, je pense pas qu'il était triste parce que son crush ne l'aimait pas, mais plutôt parce qu'une femme s'est forcé à faire l'amour avec lui, pourtant bel étalon. Pire, elle devait même prendre des calmants pour "supporter" le viol. Un homme qui 'offusquait de pouvoir être associé à quelque chose d'aussi dégradant que le proxénétisme, notamment à cause de son honneur auquel il tient tant, n'a pourtant aucune culpabilité à se retrouver confronter au fait (pourtant évident), qu'il avait face à lui une femme non-consentante.
Du coup Berlin se venge en prenant un malin plaisir à torturer psychologiquement la perfide traîtresse. En l'embarquant dans cet assaut final, où une femme déjà traumatisée se retrouve sous les balles, à devoir encore une fois obéir à son violeur pour assurer sa survie. Et Berlin, ce héros, sauve ses coéquipiers pleurant déjà sa mort dans une grande envolée lyrique, où le sacrifice est aussi un dernier moyen de vivre intensément, et, surtout, de mourir avec dignité.
Et là, mes aïeux, j'étais vraiment colère. Et je l'ai été encore plus en voyant les commentaires ou en en discutant avec mon entourage qui, bien sûr, avait déjà regardé la série - que voulez-vous, j'adore arriver après la fête. C'est là que, plus que problématique, je me suis rendu compte que le traitement de ce personnage était dangereux.
Déjà, depuis quand, parce qu'une femme ne crie pas, elle n'est pas une victime ? Depuis quand, le fait qu'elle se trouve dans un cadre de survie où la seule solution lui paraît être de "vendre" son corps fait d'elle une idiote et de son violeur, en position de pouvoir, une victime ? Parce qu'il lui a dit qu'il ne voulait pas la violer avant de le faire ? Parce que son ego et son narcissisme maladif lui fait s'imaginer qu'elle est tombée amoureuse de lui, alors que tout le monde voit qu'elle est constamment effrayée ou stone, même Nairobi (encore une fois, pourquoi t'as fait ça bb ?).
J'en ai lu des commentaires idéalisant Berlin, lui trouvant des excuses, et rabaissant Ariadna. Le pire ayant été, de loin, une conversation avec une amie:
" En même temps entre mourir et être violée elle a choisi d'être violée, si tu penses vraiment que c'est tes seules solutions, fallait pas choisir la deuxième."
Non. Non non non.
Je veux bien les personnages ambiguës, et puis même, j'aime ça. L'intérêt est quasi évident (comme le prouve leur nouvelle popularité). Mais là, on a un connard de violeur qui devient un héros sympathique, face à la culpabilisation d'une victime traumatisée. Et, bizarrement, j'ai du mal à l'accepter.
P.S.: désolée pour la longueur, je ne pense pas devoir préciser encore que j'étais pas fan du concept.
P.P.S.: pour ce qui est du traitement ambiguë d'un personnage psycho/sociopathe, regardez Oz si ce n'est pas déjà fait. Plein de Berlin, mais en mille fois mieux.