Lee Chandler (Casey Affleck) est un homme d'apparence solitaire et rempli d'un mal être certain. Il est contraint à retourner dans sa ville d'enfance à la mort de son frère, laissant orphelin un adolescent de 16 ans. Il sera alors confronté aux démons de son passé, notamment à son ex-femme (Michelle Williams)
Voilà à peu près ce que l'on peut dire sur le film sans le spoiler. Et je trouve que déjà, ça en donne beaucoup.
L'intérêt est simple: retourner dans son ancienne ville pour se retrouver face à soi, face à ses racines, qui expriment et expliquent le pourquoi du comment on est mal. Et pour être mal, Lee, il l'est. Dés les premières minutes ce personnage est taciturne, solitaire, ne parle à personne, a l'air constamment absent. On a félicité la prestation d'Affleck: il est clair qu'il survole tout. Il n'est pas là, il n'est pas bien, il n'arrive pas à ressentir tout ce qui l'entoure. Mais un peu trop justement. C'est ce qui m'a, personnellement, dés le début rebuté; encore un personnage qui est mal dans sa peau et qui est en décalage avec le reste.
C'est d'ailleurs ce que je peux reprocher à ce film: à trop essayer d'être un film indé exprimant les sentiments dans leur réalité, le drame tel qu'il est, on en voit toutes les ficelles et on s'éloigne. Nous aussi on regarde de l'extérieur.
Ce qui m'a particulièrement marquée avec la scène de "révélation" du passé de Lee, et explicative de son mal-être constant: on met de la musique classique, on montre que le drame va arriver, et il est là, extrême, tragique. Mais, encore une fois, on nous guide vers les larmes. Lee est là, spectateur, et le fait que lui ne pleure pas est supposé nous toucher encore plus. Mais pour moi ça n'a pas marché, on montre trop qu'il est bloqué par ce biais, qu'il est malheureux, meurtri. En tentant de ne montrer rien on en montre trop.
Je ne sais pas si c'es très clair. En réalité, je ne suis pas sûre de pourquoi je n'ai pas accroché. Il y a pourtant des scènes qui m'ont émue (notamment le fils face au freezer). Mais je ne suis pas rentrée, j'ai trouvé qu'on essayait trop de me pousser aux larmes tout en me disant "Vous allez pleurer parce qu'on fait pas comme tout le monde, on fait pas du drame où tout le monde chiale mais tout le monde prend sur soi, comme dans la vrai vie !". Belle tentative dont je suis pourtant cliente habituellement, mais trop peu subtile pour moi ici.