Souvenez-vous dans les années 90, à chaque période de Noël était diffusé dans l’après-midi sur M6, cette mini-série italienne en cinq épisodes s’étalant de 1991 à 1996, et se situant au Moyen Âge dans un monde quelque peu heroic fantasy. Elle faisait la part belle à une jeune héroïne, Fantaghiro (Alessandra Martines) (prononcé en français Fantagaro), une jeune femme rebelle, garçon manqué, fan de Mireille Mathieu (voir sa perruque) qui sait lire et manier l’épée, autant dire qu'elle est unique. D’autant plus que c’est une princesse.
Le succès de la série est probablement dû à son côté féerique (surtout après le premier épisode) mais aussi par son côté, très romantique (parfois trop, façon roman photo, avec des dialogues très mièvres) avec des bellâtres italiens, qui j’en suis sûr, n’ont pas laissé insensibles certaines personnes. Comment oublier Romualdo, Cataldo et bien entendu Tarabas ?
Cette série marque également le grand retour d’Ursula Andress qui apparaît dans le troisième et le quatrième épisode.
Les épisodes sont de qualité constante sauf le dernier qui se démarque dans la médiocrité.
La princesse rebelle (6/10)
Voici donc l’histoire de Fantaghiro, la dernière fille d’un bon roi dans un royaume inconnu.
À sa naissance, sa mère décède laissant son père dans le désarroi, lui qui voulait tellement un fils pour sa succession. Après avoir hésité, il décide de laisser la vie sauve à Fantaghiro.
La première partie de l’épisode relate l’enfance de cette fille rebelle, on lui interdit de lire, elle lit quand même ; on lui demande d’être une vraie fille, elle refuse et tient tête à son père. Bref c’est la parfaite fille rebelle et garçon manqué.
Ses deux sœurs sont quant à elles, de vraies princesses, des femmes bien comme il faut et obéissantes.
Puis un jour, elle devient une vraie femme, avec de longs cheveux roux. Mais après une énième dispute, elle décide de partir dans la forêt où elle fait la rencontre du cavalier blanc qui lui apprend le maniement des armes.
Ça tombe bien, car au même moment le jeune roi, Romualdo, du royaume en guerre contre celui de la jeune femme, décide l’organisation d’un duel pour en finir.
C’est alors que Fantaghiro se métamorphose en Mireille Mathieu, avec une perruque ridicule et une coupe de cheveux vraiment affreuse (en plus elle devient brune), pour devenir chevalier et relever le défi. Mais c’était sans compter sur l’Amour…
Ce premier épisode qui installe les protagonistes, est celui le plus ancré dans la réalité, mise à part la reine blanche et ses pouvoirs, on se retrouve dans un univers moyenâgeux, crédible (si on oublie les décors en carton).
Cet épisode fait la part belle à l’amour, ça frôle très souvent la mièvrerie. On s’étonnera également qu’une femme aussi garçon manqué, guerrière, tombe amoureuse en un seul regard, c’est quelque peu cliché et ne parlons pas des dialogues très cucul.
La sorcière noire (6.5/10)
Dès cet épisode, on rentre réellement dans un contexte féerique, le monde est peuplé de lutins de la forêt, d’esprits et d’autres créatures.
L’histoire reprend là, où l’on s’était arrêté,
c’est-à-dire au mariage de Fantaghiro avec le bon roi Romualdo, mais la sorcière noire ne l’entend pas de cette oreille. Elle manigance un plan machiavélique pour mettre un terme à cette idylle.
La sorcière noire qui rappelle quelque peu Maléfique de La belle au bois dormant, est très charismatique, même si l'interprétation de Brigitte Nielsen peut paraître quelque peu théâtrale, cela fonctionne dans cet univers, c'est d'ailleurs mon personnage préféré de la série, elle est attachante, elle attire une certaine sympathie, surtout lorsque l'on ressent le même agacement face à cet amour dégoulinant, mettre leur sentiment à l’épreuve n’est pas pour déplaire.
C’est également dans cet épisode que sont introduits des personnages récurrents, comme la pierre qui revient et le cheval crin d’or, qui seront par la suite dans tous les autres épisodes.
Le scénario et les personnages sont suffisamment riches pour être accrocheur, mais nous sommes toujours dans un amour courtois typique de l'époque médiévale, pur et idéalisé, ce qui peut agacer en 2020 et même en 1991.
La reine des ténèbres (7.5/10)
Incontestablement le meilleur épisode de la série. On fait la connaissance du prince des ténèbres en la personne de Tarabas (Nicholas Roger), fils de Xellesia (Ursula Andress).
Qui suite à une prédiction, décide d’emprisonner tous les enfants royaux. Bien entendu Fantaghiro se trouve mêlée à cette histoire ainsi que son «beau» Romualdo…
Tarabas est le personnage le plus consistant psychologiquement, il est tiraillé entre l’amour envers Fantaghiro et la haine envers sa mère, entre le bien et le mal, il est en perpétuel questionnement.
À partir de cet épisode, un petit monde se créer, la sorcière noire revient, les deux enfants du précédent épisode également, ça commence à devenir vraiment consistant, le scénario est riche. De plus les décors et les costumes sont soignés contrairement au premier épisode.
L’empereur du mal (6.5/10)
Avec cet épisode on change de cadre, la production s’exporte en Thaïlande, drôle de choix, probablement pour rajouter de l’exotisme dans la saga.
Cet épisode, fait la part belle à Tarabas, toujours tiraillé entre le bien et le mal. Son père Darken souhaite le mettre à l’épreuve pour qu’il redevienne le prince des ténèbres.
Fantaghiro dans cet épisode doit (encore une fois) sauver son peuple en récupérant le château qui a disparu derrière une fumée noire.
Les décors tranchent clairement avec le style et la méchanceté de Darken, et le côté asiatique de l’ensemble dérange plus qu’autre chose, on rentre beaucoup moins dans l’histoire.
Tarabas est beaucoup moins charismatique dans cet épisode, il devient même un petit peu neuneu avec Fantaghiro, les dialogues sur l’amour et l’amitié sont parmi les plus naïfs que j’ai entendus de ma vie. On s’étonnera également de l’idée qu’on puisse vivre avec une personne qu’on n’aime pas simplement pour lui faire plaisir alors que jusqu’à maintenant la série érigeait l’amour pur comme un modèle mais on peut apprécier cette prise de risque.
Darken est un personnage peu attachant, contrairement aux autres protagonistes de la série, il suscite l’indifférence.
Le retour de Fantaghiro (3/10)
Dans un monde parallèle où les armes sont interdites, les fruits et les légumes commencent à se révolter et à vouloir manger les humains, pas facile donc de se nourrir lorsque l'on est humain. De plus des soldats (façon Arcimboldo), ont enlevé les parents, du coup les enfants sont quasiment seuls livrés à eux-même et font venir dans leur monde… Fantaghiro.
Cet épisode réalisé en 1996 sent clairement le réchauffé, seul Fantaghiro et la sorcière noire sont encore de la partie. Le scénario est indigeste et particulièrement stupide, les acteurs ne sont aucunement convaincants surtout le zigoto qui aide notre héroïne. Ce n'est pas étonnant qu’après cela la série soit définitivement morte.
Au fil des épisodes, les effets spéciaux, les décors et surtout les costumes se sont améliorés. Le premier épisode était très artisanal et prêtait à rire que ce soit dans les effets spéciaux façon année 30 et les décors en carton. Heureusement par la suite ça s’est nettement amélioré où subsiste simplement les animaux façon marionnettes à la Jim Henson, ce qui finalement n’enlève rien à l’ambiance féerique de l’ensemble.
Il reste toutefois la fameuse perruque assez hideuse (désolé pour les fans de Mireille Mathieu) qui conduit à des incohérences, d’une scène à l’autre ses cheveux ont poussé quasiment instantanément sans que ça cause un réel problème pour les scénaristes.
C'est la mini-série idéale pendant les fêtes de Noël ou les vacances de Pâques où notre foie accepte plus facilement les mignardises.