La fièvre est une mini-série de haut vol, qui observe et rend compte des représentations et des passions de la société avec une certaine dose d'intelligence, malgré un réductionnisme souvent problématique. Derrière ce combat médiatique, la série exploite les pulsions nationales pour les démonter, tout en les caricaturant. Sa force est assurément de déconstruire les récits communicationnels en allant précisément à l'endroit où la société est en crise : son racisme et ses peurs. Ici, le récit est puissant. Comme un baron noir sous stéroïdes !
Reste que la grille de lecture du monde sous le seul couvert de l'identitaire et du psychologisme devient très rapidement problématique, notamment quand la série renvoie dos à dos décoloniaux et extrême-droite, comme si les uns étaient équivalents aux autres. Mais surtout ses propositions deviennent grossières, appuyées, à l'image du club de foot qui deviendrait une coopérative ou de l'introduction du droit aux armes.
Pourtant, ses défauts structurels s'effacent sous la dynamique de la démonstration. L'exploitation et la manipulation des réseaux sociaux y est expliquée d'une manière assez riche. Le niveau de références culturelles est élevé. Les personnages n'ont pas beaucoup de profondeur psychologique, mais une puissance d'analyse qui booste le cerveau du spectateur.