Comment une « simple » gifle à un enfant turbulent peut éclater une famille ou, du moins, faire resurgir toutes les tensions ravalées au fil des années ? Avec un tel pitch, on pouvait s’attendre à une série exploitant comme il se doit les répercussions morales, sociales et « éducatives » d’un geste aujourd’hui diabolisé. Le problème, selon moi, est que The Slap ne l’utilise qu’en tant que simple fil rouge. Certes, la baffe en question est bel et bien l’élément déclencheur mais elle semble, au fil des épisodes et à quelques exceptions près, qu’un prétexte à un drama assez ordinaire, quoique de très bonne facture, lui permettant d’aborder des thèmes aussi divers que la vie de couple, l’adultère, la différence d’âge, d’époque ou d’origine, la crise de la quarantaine, l’amour à sens unique ou encore l’homosexualité. Toutes ces thématiques, The Slap s’en occupe donc très bien, les imbrique les unes aux autres avec un certain brio, malgré quelques lieux communs, en s’appuyant sur des personnages joliment écrits et tentant avec plus ou moins de réussite d’évacuer les stéréotypes qui les caractérisent à première vue. Mais on ne m’enlèvera pas de la tête que l’idée de base reste sous exploitée. Il aurait été par exemple plus pertinent de voir et (essayer) de comprendre la psychologie de personnages normaux face à un tel « événement », et non pas mettre en scène des personnages qui, déjà, à l’origine, sortent de l’ordinaire (je pense notamment aux parents de l’enfant, vaguement hippies et particulièrement démissionnaires). Qu’à cela ne tienne, ces huit épisodes offrent de très beaux moments, autant dans leur écriture que dans leur réalisation (Connie et Aisha, par exemple, présentent des séquences contemplatives d’une très grande beauté), et surtout, par l’éclatement des points de vue et la diversité des sujets traités, dresse un portrait finalement assez subtil et dépaysant de l’Australie d’aujourd’hui.