Avec La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, Xavier Dolan livre une fresque familiale aussi intime que tragique, où les non-dits hantent autant que les véritables spectres.
La force de la série repose sur ses personnages, terriblement humains et incarnés avec justesse. Éric Bruneau donne à Denis une présence magnétique aux multiples facettes, tandis que Julie Le Breton traduit à merveille la souffrance contenue de Mireille. Elliot, joué par Xavier Dolan himself, navigue entre mélancolie et espoir, et Chantal, d’abord perçue comme frivole, se révèle essentielle à l’équilibre familial. Anne Dorval, fidèle muse du réalisateur, brille une fois de plus en Madeleine, une mère bouleversante. Seul Julien lasse un peu par sa répétition.
Dolan transcende les genres : romance, drame familial et touches de thriller s’entremêlent avec une fluidité déconcertante. Le mystère central, habilement distillé, conserve toute sa force jusqu’à sa révélation, osée et marquante. La musique, omniprésente, fusionne avec l’image, à l’image du final envoûtant porté par Monique Leyrac.
Émouvante et audacieuse, cette série prouve une nouvelle fois la capacité de Dolan à sonder l’âme humaine.