J'ai failli passer à côté de ce petit projet norvégien, et il faut bien avouer que ça aurait été dommage. La Palma raconte l'histoire d'une famille norvégienne qui part passer ses vacances de Noël sur cette petite île proche de Ténérife. Le cadre est idyllique, et tout aurait été parfait si un volcan n'était pas entré en éruption pour venir gâcher la fête. Alors, que penser de cette petite série ?
Santa Maria de la Incohérancia
D’abord, il convient de mettre l’accent sur les incohérences. Il y a quelques (beaucoup) d'incohérences. Oui, il y a des incohérences, et si vous êtes un scientifique spécialiste des éruptions volcaniques ou des tsunamis, il est possible que cette série vous pousse à vous arracher quelques cheveux. En plus des incohérences, s'ajoute une capacité hors du commun, au-delà même du miracle, de cette famille à survivre. Si bien que, peu importe ce qui peut bien leur arriver, on ne doute pas une seule seconde que tout va bien se terminer. C'est un parti pris qui fait que cette série va certainement diviser, mais elle assume ce choix avec courage. Pour ma part, je critique ce genre de parti pris quand on prend le téléspectateur pour un idiot, mais ici, ce n'est pas le cas. Dès l'épisode 2, on comprend que la volonté de la mini-série n'est pas de décrire un drame familial et qu'elle a à cœur que tout le monde (ou presque – c'est une éruption volcanique, il va y avoir des morts) s'en sorte. De fait, une fois cela compris, la question n'est plus de savoir s'ils vont survivre, mais comment ils vont bien pouvoir s'y prendre. Et c'est là qu'intervient la magie du scénario. Alors oui, la série ne brille pas par son réalisme scientifique, et oui, elle prend de grandes libertés avec la réalité. Cependant, ce n’est pas sur ces points que la série fonde ses plus grandes forces.
Alors les enfants, vous aimez vos vacances ?
Pour moi, le plus gros point fort de cette série, ce sont les relations entre les personnages. Que ce soit au sein de la famille ou dans leurs interactions avec l’entourage sur l’île, on ressent une véritable authenticité. On est ancré dans la réalité d’une famille avec une adolescente qui se cherche, un enfant autiste, et deux parents qui ne savent pas si leur couple survivra à ces vacances. J’ai particulièrement apprécié la mise en avant de la relation entre Sara et Charlie. Pour une fois, on assiste à une relation amoureuse qui se construit en douceur et qui n’est pas sexualisée. La relation entre les deux jeunes filles n’est pas stéréotypée, elle est authentique et on croit à leur histoire.
Le moment du coming out entre Sara et sa mère est également très touchant et montre comment un coming out devrait toujours se passer : dans le dialogue et l’acceptation. Même les disputes des parents sont satisfaisantes. On sent cette tension entre eux, qui, tout en restant intense, ne dérive pas dans le mélodrame.
Pas de tension vraiment ?
Le second point fort de cette série, ce sont les effets visuels. La dernière scène où le père se retrouve avec la scientifique sur un zodiaque, avec la vague à l’arrière, est très intense. J’ai eu du mal à rester assis sur ma chaise. Ainsi, si la tension ne repose pas sur cette famille qui va survivre, elle reste néanmoins bien présente. Il est difficile de ne pas se laisser prendre au jeu du tsunami en se demandant quand tout va commencer. Le temps passe extrêmement vite. De spectateur, on devient acteur : depuis notre chaise, on critique ce qui est trop long (attendre une autorisation de décollage alors qu'une vague de 30 m de haut arrive, ce n'est pas l'idée du siècle), on critique les politiques qui préfèrent sauver leur place plutôt que de prendre des risques, quitte à laisser mourir des gens. Bref, on se prend au jeu, et c’est ce qu’on attend d’une bonne série, incohérente ou non.
La Palma n’est pas une série parfaite. Elle s’écarte souvent du réalisme pour privilégier l’émotion et l’aventure, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Cependant, elle a des qualités qui à mon sens suffisse à gommer ses incohérences. Et puis merde, c'est une série de Noël, personne ne devrait mourir à Noël.