Au royaume des adultes c'est l'anxiété qui prend les rênes

S'il y avait bien une production que j'attendais de pied ferme en 2024, c'était le dernier-né de la maison Pixar : Vice-Versa 2. Pourquoi me direz-vous ? Simplement parce que l'idée même est absolument géniale. L'idée de représenter ce qu'il peut se passer dans la tête d'une enfant et, maintenant, d'une préadolescente par l'intermédiaire d'un collège d'émotions complètement barré et au fonctionnement anarchique, promettait un spectacle intéressant autant pour les enfants (à qui le film est destiné en priorité) qu'aux adultes les accompagnant. Le premier Vice Versa avait donc été pour moi une très belle surprise, et la logique voulait qu'un second opus sorte puis, dans quelques années, un dernier film qui devrait venir conclure une trilogie mémorable si tout se passe bien. Alors, est-ce que Vice Versa 2 fait aussi bien que le premier ? Difficile à dire.

Dans ce second opus, on retrouve Riley qui a désormais 13 ans et qui entre officiellement dans l'âge ingrat de la préadolescence/adolescence, ce moment où l'on n'est plus un enfant mais pas encore un adulte. Le film va s'évertuer à suivre trois jours charnières de la vie de cette jeune fille qui vont être source de grands bouleversements. Pour faire face à tous ces changements, ses émotions traditionnelles que sont Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût vont tenter de faire front commun, sauf que quatre nouvelles émotions vont venir gâcher la fête : Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. J'ai personnellement trouvé le traitement de ces quatre émotions assez juste, Anxiété en particulier ayant un traitement assez spectaculaire pour un film qui est censé être destiné aux enfants.

L'une des principales qualités de ce Vice Versa 2 est justement que le film ne cherche pas à prendre ses spectateurs par la main. Les différents messages qu'il cherche à transmettre ne sont pas poussifs (c'était ma crainte au début) et le film se débarrasse (enterre serait plus juste) de toute forme de manichéisme pour laisser place à la complexité de l'être humain tout simplement. Dans ces trois jours, Riley va délaisser Joie au profit d'Anxiété, ce qui va créer toutes sortes de catastrophes. Ce que j'ai particulièrement apprécié - c'était déjà le cas dans le un - c'est qu'il est possible de s'identifier. À plusieurs reprises, je me suis entendu dire, fais pas si, fais pas ça. Le film en appelle à notre propre expérience de vie et invite à l'introspection. Enfin, j'ai personnellement trouvé le message final sublime : il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises personnes (en général), il y a des êtres humains complexes, avec des qualités et des défauts, avec des forces et des faiblesses. En cela, Pixar arrive à se sortir du manichéisme que l'on peut voir chez Disney (à tout hasard) et qui conduit à des fins convenues.

Du point de vue cinématographique, le film est très esthétique, j'ai trouvé plusieurs plans vraiment très intéressants même si - et c'est à l'image du film - je n'ai pas trouvé qu'il y avait eu une grande avancée avec Vice Versa 1.

Il faut bien avouer que ce Vice Versa me laisse quand même sur ma faim. Si j'ai fait beaucoup de compliments (qui sont amplement mérités), il reste qu'à quelques détails près, j'aurais pu faire une critique identique pour le premier opus. Si scénaristiquement le film a pris en maturité, je trouve qu'il n'est pas parvenu à égaler le premier volet, même si cette production Pixar reste excellente. Dans tous les cas, comme pour la trilogie d'animation Spiderman, c'est sur les trois films qu'il faudra juger l'œuvre entière.