Voilà une série assez plaisante. Une trame scénaristique assez classique avec une enquête pleine de faux-semblants et de retournements de dernière minute, conduite par un personnage principal courageux, un peu rebelle, assez malin mais pas assez retors pour comprendre les manipulations perverses qui le cernent, secondé par un adolescent débrouillard et fidèle, dans une ville en proie à une épidémie et à des complots religieux. En cela, la série n'est pas très originale, mais, comme on dit, c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.
Il y aussi l'inévitable trame secondaire féministe, édifiante mais presque un peu contre-productive tant elle décrit une époque terriblement machiste (quoique, Isabelle la Catholique régnait déjà sur la Castille un siècle plus tôt) qui n'a heureusement plus cours.
Ce qui est plus intéressant, c'est le traitement de la ville ; Séville, au sortir du Moyen-Age. Loin de la splendeur d'Al Andalus ou du cachet ensoleillé de la capitale andalouse contemporaine, on découvre la Séville des taudis, des ruelles sombres, des intérieurs mal éclairés, des berges glauques du Guadalquivir. Port d'embarquement vers les Indes américaines récemment découvertes, les riches marchands s'y enorgueillissent d'être les premiers à posséder les merveilles du nouveau monde comme les perroquets multicolores, le chocolat ou les pieds de tomates (jugées vénéneuses !).
On effleure aussi une structuration politique et sociale particulière, avec le Limpieza de sangre (certificat de pureté du sang), symbole d'une noblesse catholique paranoïaque qui veut écarter les convertis (anciens musulmans ou juifs d'Al-Andalous), souvent plus lettrés et qui prospèrent dans la bourgeoisie marchande (d'ailleurs, il n'est pas dit si Zuniga est descendant de juifs ou de musulmans, mais on pourrait le croire). Outre les convertis (comme les marranes), l'inquisition espagnole combat les protestants qui ont provoqué la sécession des Pays-Bas Espagnols, qui sont au pouvoir en Angleterre et quasiment en France (c'est l'année de l'accession au pouvoir d'Henri IV, le béarnais protestant).
C'est donc le juste équilibre entre un scénario très classique et une reconstitution historique soignée d'une région à une époque rarement mise en scène qui fonde la réussite de cette série.
En termes de mise en scène, les acteurs sont corrects (sans plus), l'image et la photographie auraient pu être meilleures. C'est le seul petit bémol.