La Peste
4.7
La Peste

Série France 2 (2024)

Une adaptation fort douloureuse

Il est des adaptations qui transcendent et subliment leurs matières premières. Puis, il y a celles qui, loin de rendre hommage à l'esprit de l'œuvre originale, s'aventurent dans des territoires qui frisent la trahison artistique. La récente série 'La Peste', par Gilles Taurand, s'inscrit, selon moi, malheureusement dans cette dernière catégorie.


La décision de s'éloigner du contexte initial du chef-d'œuvre d'Albert Camus pouvait suggérer une intention de réinventer l'histoire pour un public contemporain. Cependant, le résultat est une surcharge sensorielle: des couleurs trop vives qui frôlent l'éclat d'une publicité, des dialogues qui flanchent sous le poids de leur propre caricature et un jeu d'acteur si appuyé qu'il semble parodier la gravité du récit originel. La modernisation par l'introduction des technologies de surveillance ajoute une couche d'anachronisme qui brouille davantage encore le message.


Frédéric Pierrot, que j'ai tant apprécié dans la série 'En thérapie', se trouve ici dans la peau d'un Dr. Rieux méconnaissable, prompt à l'énervement, une caractéristique qui s'écarte radicalement de la sérénité stoïque du personnage de Camus. L'acteur, bien que talentueux, semble piégé dans un rôle qui contredit l'essence même du héros camusien.


Et que dire des insertions burlesques – l'homme au chien, la danseuse de tango, le maire volage – qui semblent surgir d'un tout autre univers ? Plutôt que de servir le récit, ces personnages s'amoncellent dans un collage désordonné, dénué de la finesse et de la cohérence requises pour affronter les thèmes de l'existentialisme et de la condition humaine.


En tant que fervent défenseur de la créativité dans l'adaptation des classiques littéraires, je suis prompt à encourager l'innovation et l'interprétation personnelle. Toutefois, lorsque ces libertés entravent la compréhension et diluent le pouvoir de l'original, je ne peux que déplorer une telle dérive. 'La Peste' de Taurand, malgré ses ambitions esthétiques et narratives, s'égare dans un excès d'artifices et manque son but: faire résonner la pertinence intemporelle de l'œuvre de Camus auprès d'une nouvelle audience. Un défi de taille qui reste, à mes yeux, non relevé. Franchement, je ne sais pas si je pourrai regarder les autres épisodes.

Ppth
3
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le 5 mars 2024

Critique lue 477 fois

8 j'aime

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