Le plus difficile face à une telle adaptation, c’est au fond d’oublier le livre mille fois parcouru pour se mettre dans la peau d’un jeune de vingt ans pour qui les métaphores de Camus en 1947 n’évoquent que des souvenirs de bâillements lors de cours au lycée. Que serait « l’esprit de résistance » aujourd’hui face à une menace insidieuse dans un contexte politique et social proche d’une dictature qui ne dit pas son nom ? Eh bien, « La Peste » a relevé le défi. Il ne fallait pas faire dans l’intello prétentieux, mais éclairer ceux qui n’ont pour philosophie que ces trois mots : « A quoi bon ». Les personnages n’ont plus la profondeur du texte de Camus, ils sont dans notre époque avec la superficialité qui n’empêche pas le questionnement et parfois les actes héroïques. Je me suis mis dans la peau d’un jeune de vingt-cinq ans (alors que j’approche du triple) et je crois que la série m’aurait donné envie de relire le livre (sans bâiller) et d’avoir de véritables discussions sur le thème « et toi tu ferais quoi ? ». Rien que pour cela, il faut voir « la peste » et en parler ensuite.