Il y a des films dont on pressent qu’ils deviendront des classiques dès les premières images. C’est le cas de ce « tatami ». Avant de parler du message transmis par le film, il faut s’intéresser au film lui-même. Il tient dans trois choses parfaitement maîtrisées : l’unité de temps et de lieu, l’écriture elle-même et enfin la forme choisie. L’unité de temps et de lieu est parfaitement énoncée en choisissant une épreuve de championnat de monde de judo, ici à Tbilissi, mais qui pourrait se dérouler ailleurs, la réalisatrice nous plonge dans ce petit monde clos de la compétition de haut niveau. L’écriture ensuite. Le choix de resserrer l’écriture autour de ce que vivent et ressentent les deux personnages clés, une athlète et sa coach, concentre le dilemme puis le choix cornélien qui sera fait à la fin du film. Enfin, la forme choisie : un noir et blanc splendide qui accentue le drame. Les trois domaines sont totalement maîtrisés, ce qui nous plonge immédiatement dans l’atmosphère de la compétition et les combats eux-mêmes qui sont parfaitement rendus (je suis moi-même judoka). Et puis il y a le message : l’absurdité du régime politique iranien qui est illustrée dès les premières minutes par une conversation banale entre deux compétitrices jusqu’à ce qu’un plan court finisse par montrer que l’une est iranienne et l’autre israélienne. Le drame peut alors se nouer et l’écriture se resserrer sur le dilemme vécu par les deux personnages principaux. On est pris par la tension de l’histoire jusqu’au bout. On ressort de là convaincu de deux choses : la première est que le régime iranien n’est pas seulement autoritaire et brutal, il est aussi stupide au dernier degré. La seconde est que les Iraniens savent faire des films et des bons !