D'abord un mot de Dickens pour resituer le commentaire sur cette mini-série.
J'ai lu et beaucoup aimé David Copperfield. Puis sur ma lancée, j'ai lu "Oliver Twist" que j'ai moins apprécié puis ai lu "Bleak House" d'une complexité sans égale puis ai fini par les "papiers du Pickwick Club" où je me suis carrément ennuyé. Je n'ai pas lu "la petite Dorrit" mais après avoir vu la mini série, je présuppose ou crains qu'il ne s'agisse que d'un "Bleak House " bis.
L'histoire de la petite Dorrit repose sur les obsessions habituelles de Dickens en rapport au mauvais fonctionnement de la justice et de l'administration de son pays (dixit). On a l'impression que la société anglaise est complètement inhibée ou bloquée et le jour où on se trouve dans une situation financière (ou juridique pour Bleak House) délicate, il est d'une difficulté inouïe de trouver le bon levier pour s'en sortir.
Ici le père de la fameuse petite Dorrit croupit dans une prison pour dettes depuis des décennies sans aucun espoir que la situation se rétablisse. Et la petite Amy Dorrit qui est plus ou moins née en prison se dévoue pour son père qu'elle chérit. Alors que la mentalité de son père est infecte et tiendrait presque du proxénétisme, en tous cas au minimum de l'égoïsme.
Mais ce qui m'a frappé surtout dans cette mini-série c'est le manichéisme vis-à-vis des personnages qui se divisent en deux clans sans nuances. Le premier clan c'est 95 % des personnages de la série qui sont soit dans une misère physique très crasse, soit dans une misère intellectuelle très crasse soit dans une position plus élevée pour pouvoir emmerder plus petit que soit, et qui passent leur temps à jalouser, exiger, voler, battre, mépriser les autres. Le deuxième clan doit comporter environ quatre ou cinq personnes en comptant très large et comprend les très rares personnages beaux, sympathiques, dévoués, désintéressés, empathiques, etc dont Amy Dorrit et Arthur Clenan qui sont les personnages principaux de la série. Pourquoi pas, nous sommes dans un monde de fous. Manifestement le scénariste (peut-être aussi Dickens) n'a jamais envisagé qu'on pouvait être plus ou moins ceci ou plus ou moins cela.
Là où, pour moi, ça ne va plus vraiment c'est que les personnages du "premier clan" sont maquillés ou travestis en personnages très gros, très laids, très mal habillés avec des voix criardes, désagréables, grossières, caricaturales ; suivant la condition riches ou pas, en plus ils seront ou carrément sales ou pas nets. Et là pour moi c'est un peu "too much" ; un peu de nuance aurait été un peu souhaitable. Et puis qu'est-ce que c'est que ces "délits de faciès" où forcément le méchant pauvre ou le riche envieux doit forcément être à la fois laid, bête, gros et mal attifé !
Face à ces personnages du "premier clan" il y a le personnage d'Amy Dorrit qui est interprétée par Claire Foy dont le visage est empreint d'une très grande douceur et reflète la bonté du personnage. Et comme dit plus haut, il y a le personnage d'Arthur Clenan qui est interprété par Matthew Macfadyen (qu'on a déjà vu dans le rôle de Darcy dans "Orgueil et préjugés" de Joe Wright). Lui aussi, il semble né sur terre uniquement pour aider son prochain et faire bouger tant que faire se peut les lignes de l'administration.
Le scénario me semble aussi présenter quelques lacunes car il y a plusieurs choses que je n'ai pas comprises par exemple le rôle de la jeune fille noire et comment elle s'intègre dans l'histoire ; il est bien sûr pas exclus que je sois passé à côté de l'explication, mais, de la volonté de respecter scrupuleusement le roman, il est possible aussi que certains personnages ou situations bien présentées dans le roman, ne soient qu'esquissées dans le film.
En bref, je suis déçu par cette mini-série où je me suis régulièrement ennuyé, où j'ai trouvé que le manichéisme forcené du scénario était pénible et peu intéressant. Arrivé à la fin, ma réaction a été : tout ça pour ça ... Evidemment, je ne pense pas faire du "spoil" en disant que tout se termine bien ... mais après s'être farci 7 épisodes tous plus crapoteux et pessimistes les uns que les autres, c'est assez surprenant que dans les dix dernières minutes tout s'arrange comme par enchantement.
Les quatre points que j'accorde à cette mini-série ne concernent que cette magnifique et mignonne petite actrice Claire Foy que je ne connaissais pas du tout et que je me suis plu à contempler. Le reste, bof ...