A l'instar de Vercingétorix, expérience pelliculaire extrême (oui, je sais: on peut aussi appeler çà un "film") dont je me targue d'avoir décrit l'abyssale nullité en des termes choisis et pas loin d'être définitifs, les Inconnus, et "leur télé" n'ont jamais été drôles, et pour un grand nombre de raisons.
Car voilà une explication fondamentale à leur prodigieux manque de talent: toutes ces raisons ne se cumulent pas forcément dans le même sketch, dans la même séquence (même si cela arrive): elles peuvent aussi se succéder.
Tentons à présent d'explorer les principales (nous n'aurons pas la prétention d'être totalement exhaustifs, le sujet est trop riche) sources de l'inutilité des tentatives comiques de ce triste trio.
1) Pâles copieurs
Lorsque les Inconnus commettent leur premières émissions sur Antenne 2 en mars 1990, les Nuls ont déjà exploser le PAF de leur saillies drolatiques et répandu, dans une France corsetée par l'humour du Bebette show et pour qui le summum de la transgression est incarnée par Coluche, une saine et franche déconnade. Le principe des fausses pubs qui décapent, les parodies d'émissions, les journaux télévisés, tout cela est déjà fait (et souvent TRES bien fait) par la bande de Chabat.
2) Problèmes d'inspirations
Comment expliquer autrement que par un cruel manque d'inspiration, le fait qu'ils explosent au grand public grâce à une émission qui ressemble tant à une autre alors qu'auparavant ce ne sont que triste tentatives ? Venus du petit théâtre de Bouvard (on parle d'humour franchouillard ?), ils ont commis un 45t (Magic Tango), une émissions radio (Europe 1), un film (le téléphone sonne toujours deux fois)... Il n'y a qu'au théâtre qu'ils parviennent péniblement à remplir les salles.
Donc, ayant un modèle, ils trouvent une formule "le télé des inconnus", et le "grand public" les découvrent et rit à gorge déployés. La plus grand nombre de cette nouvelle audience aurait-il méconnu une grande partie des inspirateurs de nos inconnus ? C'est fort probable.
Car là tient une partie du problème: si les Inconnus puisent leur idées de concurrents du moment ou de théâtre de boulevard, cela sonne vite bien creux.
Si les Nuls sont nourris au biberon des Monty Phyhton, des ZAZ (et notamment Police Squad) dont ils parviennent parfois efficacement à importer l'esprit frapadingue, les intentions des Inconnus suintent comme un corps gras, les gags sont laborieusement téléphonés, les chutes sont amorties par de très gros sabots.
On se résume: une ou plusieurs sources d'inspiration géniales qu'on parvient à transposer dans un paysage qui y était étranger, ça passe.
L'inspiration en deuxième main, c'est forcément plus casse-gueule.
3) Mauvaises cibles
Et pourtant, ils ont parodié Indochine, j'aurai du les adorer pour ça. Mais était-ce si formidable ? Indochine est déjà une parodie en soi. En plus, ils l'ont fait au moment ou le groupe état au creux d'une vague dont ils n'auraient jamais du émerger (mais c'est un autre débat).
Contrairement à leurs illustres devanciers, (les Python, Zaz, les Nuls, donc) avec qui le rire est toujours source de réflexion, description et dénonciation social d'une époque, les Inconnus, à l'image de leur parodie rap des picsous, ne dénoncent rien d'autre qu'un discours un poil beauf et tout-venant dans une droite lignée libérale populiste (les impôts c'est nul, le rap ça craint, etc etc...)
On se rit des illettrés, des stupides de ceux sur qui il est bon et sans risque de taper ("Stéphanie de Monaco !")
4) Mauvais acteurs.
Si les Pythons individuellement, si même des Carrette, Lauby ou Chabat, ont pu se montrer étonnants et bons quand ils sont sorti de leur registre d'amuseurs, les tentatives des Inconnus sont beaucoup moins convaincantes. Certes, et c'est l'exception qui confirme ma règle, Campan est un vrai acteur, on ne peut pas en dire autant d'un Légitimus beaucoup plus...limité et caricatural (quoi qu'au demeurant fort sympathique) et d'un Bourdon franchement nullissime, qui se meut désormais dans la catégorie nauséabonde d'un sous-Christian Clavier, à la scène comme dans la vie.
Pourquoi n'ai-je pas, devant un tel tableau, attribué la définitive note de 1 ?
Oh, parce que ça et là, une fois tous les cinq séquences, une réplique qui fait mouche, un sketch qui passe bien (celui sur FR3 marseille par exemple). Mais c'est bien peu.