Incompréhension
Ce n'est pas vraiment une critique, mais plus le partage de mon incompréhension face à la moyenne relativement basse de Rose of Versailles - traduit "Lady Oscar", alors qu'une simple traduction...
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le 24 mars 2014
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10
Il y a deux manières d’appréhender Versailles no Bara. La première c’est d’y voir un shojo classique racontant une énième histoire d’amour avec comme toile de fond la France d’ancien régime. Et en effet c’est une lecture qui n’est pas fausse. On y trouve une flopée de blondes bouclées avec des yeux bleus plus gros que des calots. Des Apollons cheveux au vent et aux regards perçants qui feraient craquer même vos mamans...
De vastes plaines couvertes de verdures, des paysages champêtres, les joies de la cour de Versailles avec ses bals, ses courtisanes et ses musiciens. Des carrosses, des roses bien évidemment, des joyaux, des corps à baleines et des robes battantes. Bref une France fantasmée par les japonais et peut être même un premier pas vers ce que deviendra plus tard le phénomène lolita chez les petites japonaises prés pubères… rien de transcendant quoi !
Et puis il y a l’autre vision… La vision humaine et historique.
Celle qui nous plonge dans cette France du 18ème siècle en plein changement. Dans cette société d’ordre divisée en trois castes : Noblesse, Clergé et Tiers-États qui s’affrontent dans une lutte sourde et opaque mais Ô combien violente et meurtrière. Celle qui n’hésite pas à nous montrer l’horreur - qu’elle soit morale ou physique - née dans ce contexte. Exécutions publique, meurtres, complots, trahisons, manipulations, duels. Un tout autre visage que celui présenté habituellement de cette France du siècle des Lumières. Avec les plus vils passions qui s’exaltent et s’entrechoquent dans un laps de temps infime.
Lady Oscar nous plonge dans un de ces craquements de l’Histoire ou le temps s’accélère grâce (ou à cause) de l’agissement d’une poignée d’Hommes qui bien souvent ne peuvent se rendre compte de la haute portée de leurs actes dont les conséquences ne montreront leurs plus grands effets que dans les décennies voir les siècles à venir. Des actes beaucoup moins éclatants que les grands événements connus de tous tel que les batailles célèbres qui impressionnent et marquent les mémoires, mais fait plutôt de petits sauts qualitatifs presque invisibles qui pourtant altèrent le devenir historique dans l’ombre. Comme par exemple l’invention au Moyen Age du collier d’épaules qui permet aux chevaux de trait de ne plus s’étrangler en tirant la charrue, ce qui fera exploser l’agriculture et par ricochet la population faisant ainsi de la France le pays le plus densément peuplé d'Europe au 18ème siècle (population dense qui rempliera les rangs de l'armée napoléonienne). C’est ce qu’on appelle l’Histoire Silencieuse… Et Versailles no Bara en constitue l’un des plus beaux récits. Dans cette série ce n’est pas des progrès de l’agriculture grâce aux nouveaux outils de l’ingénierie paysanne qu’il s’agira mais de la naissance d’une nouvelle société par l’intermédiaire du plus vieil instrument que l’Homme possède : Le Verbe
A travers le regard des différents protagonistes (qui sont des personnalités historiques pour une bonne partie) nous verrons comment la Noblesse, maitresse de la France à cette époque, perdra sa légitimité aux yeux du petit peuple des bourgs et villages de par son insouciance, son immobilité politique et son parasitisme mondain. Tout comme le Clergé qui provoquera sa propre chute en donnant une image négative de l’Eglise ( le scandale du collier superbement raconté par les auteurs de l’animé avec moult détails historiques). Et de quelle manière la bourgeoisie montante et ambitieuse complotera pour l’avènement de sa classe. Intrigue de cour, amours interdits, alliances et retournements d’alliances, opportunisme et manipulation trouveront là un magnifique terreau pour que se développent et se concrétisent les rêves les plus fous.
Cette élite sclérosée qui - telle une maladie contagieuse - va aussi contaminer les classes sociales les plus modestes ce qui permettra à l’auteur d’éviter le manichéisme en nous dépeignant une populace devenu presque aussi pourrie que ceux qu’elle exècre. Néanmoins cet aspect sera contrebalancé par les personnages restés purs tel que Rosalie Lamorielle, Alain Delavigne ou Bernard Châtelet.
Versailles no Bara nous raconte en somme la genèse et les origines de La révolution Française…
Et ceci pas du tout de manière caricatural comme il serait facile de le croire mais avec un souci du détail et une précision historique qui force le respect tout en s’appuyant sur des personnages à la psychologie dense et travaillée. Les amoureux des relatons complexes et tortueuses seront ici plus que satisfaits. J’en profite aussi pour souligner le travail réalisé au niveau du doublage français qui est au poil c’est important de le préciser de même que la bande son et la direction artistique réussie qui renforcent grandement l’immersion.
Bref malgré les aprioris et l’idée qu’on peut s’en faire au premier regard Lady Oscar est une série avec un énorme potentiel qui reste passionnant de bout en bout et qui saura ravir toutes les tendances doublé d’un bon moyen ludique et agréable d’en apprendre toujours un peu plus sur la France de l’Ancien Régime. Bien plus que n’auront pu le faire ces maigres leçons d’Histoire en classe de 4ème au collège…
8/10 - Référence
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les années 80-90 l'age d'or de la Japanimation (partie 1 les séries)
Créée
le 9 juin 2015
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10 j'aime
6 commentaires
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