On peut aimer sans trouver ça génial
C'est dur d'être objectif sur les Lascars, l'humour et le dessin sont si spéciaux. Comme l'univers qui est décrit. Un univers qui fait les joies de la sociologie depuis pas mal d'année, tant par sa proximité avec les banlieux américaines des années 20 (phénomène de Ghetto d'européen de l'est) que par sa différence. La banlieue, la cité, c'est un monde à part, comme le sont ses lascars.
Je ne vais pas m'éteindre sur l'espèce de nihilisme, de refus de valeur autre que le plaisir maintenant et sans effort. Il y a ce désir d'être grand, de toucher le sommet et que les autres le voient, mais en même temps, la peur d'échouer. Il y a une volonté d'avoir un sens de l'honneur, et en même temps un utilitarisme qui ferait pâlir le plus capitaliste des grands patrons.
Au final, l'univers est spécial, il plait ou il ne plait pas. A mon avis, il est dur d'apprécier la série si on ne vient pas soi-même de la région parisienne ou d'une autre grande ville de France, l'aspect banlieue étant si important pour comprendre les délires.
Les gags oscillent entre le bien marrant et le "à peine drôle". Le dessin peut choquer au début, heureusement la saison 2 gagne en beauté, et là c'est vraiment l'éclate. Car il faut bien l'avouer, visuellement, la saison 1 peut déjà déranger et du coup rendre moins facile l'immersion.
J'ai adoré les références à Sarkozy (ainsi qu'à Morano, Claude Guéant et Xavier Betrand), et dans le même temps, si les scénaristes incriminent ces politiciens qui font passer une fraude dans le métro pour un acte terroriste, ils s'en prennent aussi à ce culte de l'entraide qui n'existe pas en banlieue. Ils rappellent qu'au final, ce monde, si marrant et si (parfois) agréable qu'il soit, c'est une sorte de jungle, d'enfer où les valeurs ne sont pas inversés, mais simplement, totalement instable (je conseille la lecture de La Galère de François Dubet, pour un développement à propos de cette situation).
Au final, le message sur la banlieue est donc plutôt bon, d'une objectivité belle qui ne tombe pas dans les stéréotypes. Malheureusement, le dessin m'a trop déplus dans la saison 1 (je suis pourtant amateur d'un visuel décalé) et les blagues sont trop inégales. Autant la saison 2 m'a vraiment éclaté, autant la saison 1, bof ... L'humour est bien souvent absent, on a le droit à des pseudo-comique de situations qui sont malheureusement rarement géniaux et une empathie parfois totalement absente.
Au final, une note assez moyenne, pour une série qui est aussi moyenne. Pourtant, si vous rentrez dans ce délire, ça vous fera rire un bon coup.