Le 10e Royaume, diffusé sur NBC en 2000, c’est un peu comme si les frères Grimm avaient fait un road-trip hallucinant à travers les royaumes magiques, mais avec un GPS capricieux et un humour décalé. Cette mini-série ambitieuse mêle contes de fées classiques et une bonne dose de modernité, le tout avec un casting de personnages aussi farfelus qu’attachants. L’histoire commence à Manhattan, où Virginia Lewis, serveuse ordinaire, et son père, un brin râleur, se retrouvent accidentellement plongés dans un monde parallèle peuplé de rois, de sorcières, et de trolls au quotient intellectuel discutable.
L’idée de base ? Des royaumes enchâssés dans un univers magique où les héros des contes de fées ont vieilli, pris leur retraite ou sombré dans des intrigues politiques. C’est une fête où Blanche-Neige est vénérée comme une sainte et où Cendrillon s’invite dans des flashbacks, tout en restant nettement plus intéressante que les princesses Disney formatées. Virginia et son père Tony naviguent tant bien que mal dans ce bazar enchanteur, accompagnés par Wolf, un loup-garou à moitié charmeur, à moitié dangereux, et intégralement comique. Le personnage de Wolf vole la vedette à chaque apparition, oscillant entre la séduction maladroite et des crises de boulimie pour tout ce qui se mange (mention spéciale pour sa passion des côtelettes).
La série s’amuse avec les codes des contes de fées, les retournant et les modernisant à coups de dialogues pétillants et de situations qui flirtent avec l’absurde. On y trouve des trolls qui passent plus de temps à se chamailler qu’à comploter, une reine maléfique aux ambitions classiques mais à l’exécution théâtrale, et des royaumes où tout peut arriver – et souvent arrive. Chaque épisode est un cocktail de rebondissements, de quêtes secondaires improbables et de moments où l’on se dit "mais pourquoi ?".
Le ton oscille entre comédie et drame, avec des moments de pure fantaisie et d’autres qui cherchent à apporter une touche de gravité. Le voyage de Virginia et Tony, initialement comique, se transforme en une aventure initiatique où les thèmes de la perte, de l’identité et de la famille se glissent entre les gags et les confrontations avec des personnages dignes de contes sous stéroïdes. Les effets spéciaux sont à la hauteur de l’an 2000, c’est-à-dire un peu kitsch mais suffisants pour soutenir l’intrigue sans trop faire lever les sourcils (sauf quand les trolls entrent en scène – là, il faut peut-être faire preuve de plus de tolérance visuelle).
La durée de la série – près de dix heures – peut en rebuter plus d’un, mais elle permet de développer un univers riche et détaillé, où chaque royaume a sa propre saveur et ses propres règles farfelues. Les intrigues secondaires apportent du relief à l’histoire principale et permettent de rencontrer un éventail de personnages secondaires qui oscillent entre le charmant et l’inquiétant. On sent que la série a été conçue comme un hommage aux récits fantastiques tout en essayant de leur insuffler un peu d’ironie et de second degré.
En résumé, Le 10e Royaume est une épopée décalée qui plaira aux amateurs de fantasy et à ceux qui aiment voir les contes de fées revisités sous un angle moderne et légèrement subversif. C’est une série qui demande un certain investissement, mais qui offre en retour des personnages excentriques, des dialogues savoureux et des moments où la logique est laissée de côté pour laisser place au plaisir pur de l’aventure. Si vous êtes prêts à suivre un loup-garou romantique, une serveuse égarée et des trolls confus dans un périple rocambolesque à travers des royaumes magiques, Le 10e Royaume est la porte miroir parfaite à traverser.