Loin des séries habituelles sur les services secret, Le Bureau des Légendes s'intéresse à la DGSE de façon réaliste. Le rythme est lent, l'action peu présente, on prends à contre-pied tous les clichés à la James Bond pour nous montrer le coté bureaucratique et parfois frustrant des services de renseignement moderne : passer des heures à analyser des données sur son écran, entre un sandwich et un café-clope dans la cour, en attendant les concordances.
Et putain à la DGSE ça rigole pas. Les tons sont gris, les personnages sont graves, froids et sans concessions. Toujours à la limite de l’agression et dans un état de paranoïa constant. Sur le terrain on change de voiture dans des "sas", on se recoiffe en vérifiant qu'on est pas suivi. On annule tout à la moindre suspicion. On hésite pas non plus à mettre des grosses tartes dans la gueule de ses agents pour les tester, et à recruter des civils pour les laisser crever comme des merdes si le plan foire.
It's all in the game, yo.
Le scénario reprends le contexte géopolitique actuel (Guerre en Syrie, AQMI) et s'en sort très bien en proposant des situations réalistes et plausibles.
L'ambiance est donc réussie, et c'est au niveau du jeu d'acteur que le bas blesse. Kassovitz et Darroussin sont impeccables dans des rôles visiblement taillés pour eux, mais c'est une catastrophe en ce qui concerne Léa Drucker et Jonathan Zaccaï, jamais dans le ton et peu crédibles à l'écran. La faute sans doute à des personnages mal écrits et suintant l'amateurisme.
Parce qu'amateurisme il y a, exemple, la psychologue visionne une conversation dans laquelle un agent prends très mal la nouvelle selon laquelle il est probablement repéré, et qui te sort pour seule analyse que l'agent est "terrifié", merci Sherlock. Ou la nouvelle recrue qui ne sais pas comment s'y prendre pour s'incruster dans une conversation en public, pardon mais ça me semble être la base de la base, meuf, me dis pas que t'as pas appris ça à l'entrainement.
On passera aussi sur l'histoire d'amour, pivot de la série, faible pour ne pas dire carrément bancale et beaucoup trop classique comme principal élément perturbateur.
Une assez bonne série finalement (et Française putain) qui fait dans le modeste, pas comme Homeland à base de complots mondiaux engageant la sécurité du Président ou ce genre de conneries. Les enjeux sont d'ailleurs discrètement rappelés en fin de saison et paraissent bien maigres au vu des efforts engagés.
Mention spéciale à Canal+, seule chaîne avec Arte coté service public, à se sortir un peu les doigts pour nous proposer du contenu original qui sort un peu du lot.