Le Chevalier d'Éon par Ninesisters
Quand j'ai appris qu'un anime sur le Chevalier d'Eon allait être produit, j'étais aux anges.
Le Chevalier d'Eon, personnage ambiguë de l'Histoire de France, espion de Louis XV puis de Louis XVI, assumant tantôt des rôles d'homme et de femme. Et puis, le nom du studio responsable de ce projet était lui-même porteur de grands espoirs : Production IG. Je me suis mis à rêver d'un « Versailles no Bara » géopolitique dans l'Europe du XVIIIème siècle, avec la qualité technique de Ghost in the Shell Stand Alone Complex ; et j'espérais qu'il serait le plus proche possible de la réalité historique, que ce soit au niveau de l'histoire elle-même que des décors.
J'ai vite déchanté.
Techniquement, ça va ; il y a bien quelques défauts, mais rien de grave. C'est au niveau de la réalité historique que cela fait très mal, mais j'y reviendrai. Est-ce pour autant négatif ? Pas si sûr. Mais commençons par le commencement.
Le Chevalier d'Eon est une œuvre récente, issue d'un studio réputé pour sa qualité technique. Et en effet, cet anime en met plein les yeux. L'histoire se déroule dans toute l'Europe, et l'équipe a fait de son mieux pour rendre l'ambiance d'époque, et surtout les lieux d'époque : Versailles, Saint Petersbourg, Londres,... C'est magnifique, et très détaillé. Mais c'est aussi là que réside le gros problème graphique de cet anime : certains décors font trop artificiels, avec des couleurs très particulières ; dans l'ensemble, les effets 3D utilisés ne sont pas toujours bien maîtrisés. C'est d'autant plus dommageable que les personnages qui se déplacent sur ses décors sont, eux, dans un style « classique », ce qui crée un fort contraste entre les deux. Fort heureusement, ce ne sont pas tous les décors qui souffrent de ces défauts, et cela s'arrange d'ailleurs au fil des épisodes ; le problème, c'est que c'est surtout Versailles qui fait les frais de ce défaut, en particulier la Galerie des Glaces. L'animation est, de son côté, excellente, sauf concernant le défilement des décors susnommés.
Le scénario m'a franchement surpris ; désemparé, même. Déjà, il est dès le début question d'alchimie et de mysticisme, alors que je m'attendais à une œuvre réaliste ; le personnage principal en est d'ailleurs l'expression parfaite, puisque sa particularité historique est ici expliquée par une histoire de possession. La plupart des personnages ont existé, mais certainement pas dans les versions ici présentes ; je ne vous dirais pas lesquels – je vous laisse la surprise – mais sachez qu'il y a de quoi pousser à la dépression n'importe quel professeur d'histoire, ou même amateur de l'Histoire de France. Mais une fois la surprise passée, j'ai réussi à m'adapter à cette nouvelle situation, et à oublier les faits historiques pour me focaliser sur le scénario. Il est question de religion, de complot, de géopolitique, de revanche, d'amitié, de duels, de trahison, bref un large éventail de thèmes que j'apprécie. L'histoire est complexe, mais la plupart des questions posées tout du long trouvent des réponses ; et quelles réponses ! J'ai vraiment apprécié les trouvailles de cet anime. Il y a de l'action, des morts violentes, et un côté occulte qui ne gâche rien, pour arriver à un final surprenant mais intense.
Une bonne musique – si nous excluons les génériques – vient parachever un des meilleurs animes que j'ai pu voir cet année. C'est prenant, furieusement original, mais à tenter en connaissance de cause : l'Histoire est loin d'être respectée.