Dès le début le Décaméron se présente comme une œuvre iconoclaste, qui pioche allégrement dans les ressorts comiques du de théâtre, que ce soit dans la mise en scène, le jeu des acteurs, l’utilisation des décors ou le principe de saynètes comiques. Au travers de ces nobles et servants qui fuient Florence et la peste, la série moque les puissants comme les servants et se veut volontairement baroque et pleine d’humour noir. Face à un monde apocalyptique, ce groupe reclus festoie et se divertit, et voit tomber peu à peu les barrières sociales et les frontières entre vices et vertus.
Les premiers épisodes m’ont plutôt séduite, avec cette irrévérence et ce nihilisme ambiant, sans oublier le modernisme volontaire qui donne au Décaméron une certaine universalité. Que ce soit dans leur subtilités comme dans leurs excès, les acteurs sont excellents, en particulier Saoirse-Monica Jackson qui a probablement la partition la plus complexe et variée. Cependant, je trouve que le format est trop long, et que la série s’essouffle peu à peu, avec des lourdeurs et des répétitions. Surtout, en donnant plus d’espace au drame et au sérieux, elle perd en acidité et en impact. D’un humour noir corrosif, elle se lisse au fil du temps. Un format en 20-25 minutes aurait peut-être permis un meilleur rythme, pour souligner davantage les rebondissements absurdes et conserver sa férocité.