Après le succès de Ça, Stephen King décida d'adapter lui-même son autre roman-phare, "Le Fléau", sous forme de téléfilm ou plutôt en l'occurrence ici de mini-série, un format idéal pour le Roi qui va pouvoir étayer et modifier à sa guise l'une de ses plus cruelles histoires. Particulièrement longue (6h tout de même), la mini-série découpée en quatre épisodes se veut fidèle au matériau d'origine en dépit d'éléments naturellement modifiés pour le passage sur petit écran.
Nous assistons donc à la fin du monde causée par un virus mortel qui décime en un rien de temps la quasi-population terrestre et suivons un groupe de résistants s'unir puis s'affronter dans les décombres d'un monde ravagé. Thématique chère à son auteur, le conflit entre humains face à une menace plus lourde est ici lentement amenée mais avec une certaine efficacité. Confiée au spécialiste Mick Garris (Critters 2, La Nuit Déchirée, et futur proche collaborateur de King sur petit et grand écran), la mise en scène s'avère relativement soignée malgré quelques ratés, le réalisateur prenant le temps d'instaurer ambiance et personnages afin de suivre une réelle évolution/décadence humaine et non pas proposer un thriller post-apo comme on en a vu des dizaines.
Notons également des maquillages au rendu correct et des décors réussis qui ne suffisent hélas pas à nous émerveiller complètement. On pourra ainsi soupirer devant la durée évidente du métrage, le jeu d'acteurs parfois risible en dépit de quelques bons comédiens (Gary Sinise, Molly Ringwald, Rob Lowe, Ossie Davis) et le trop-plein de séquences inutilement étirées ou dispensables. Autre point noir de la mini-série, aucune scène forte ne s'avère hélas réussie : la traversée éprouvante d'un personnage dans un tunnel de New York tourne ici au ridicule, la décadence offerte à une partie des rescapés ne se limite qu'à quelques fêtes à Las Vegas tandis que les violences sexuelles du roman sont également passées sous silence (on peut aisément comprendre pourquoi, quoique...).
Plus soft mais aussi moins bien rythmé que le roman, Le Fléau version TV démontre les limites de King dans le domaine du scénario et de la difficulté d'adapter un roman dense en un métrage sans en perdre l'efficacité. Oscillant entre séquences ratées et réussies, interprétations soutenues et performances ringardes, bonnes idées visuelles et rendus cheap au possible, Le Fléau peut s'avérer décevant pour le fan du roman et pour les moins patients des spectateurs mais reste tout de même dans l'ensemble un produit relativement agréable à suivre et à une certaine mesure réussi par rapport à son budget. En attendant le reboot prévu pour 2020.