Un peu décevante

J'ai lu le bouquin il y a très longtemps, et il m'a laissé une si forte impression que la sortie d'une série (si longtemps après) sur un roman aussi culte était plutôt une bonne surprise, à priori.
A priori seulement...

La narration dans le roman était très linéaire, et multifocale. Plusieurs groupe confrontés à la pandémie qui décime tout se retrouvent au milieu du pays (et du roman) pour construire une nouvelle société, et sont confrontés au retour du "mal". Ca claquait, c'était dynamique et vraiment prenant. Alors vraiment, je ne sais pas ce qui leur a pris de ne pas conserver la linéarité du roman, qui donnait cette dimension d'aventure épique dès le départ. Quand la série commence, en gros, la messe est déjà dite, on a cette pratique permanente du flashback, à partir d'une position future (le voyage est fini, ils sont installés), et ca stérilise vraiment le récit car on ne s'attarde jamais sur un personnage ni vraiment sur une ligne narrative (celle de Larry peut-être un peu plus).

Les personnages. Alors la c'est le ratage total. La force de King, c'est d'abord son incroyable maîtrise du "chara design" comme on dit aujourd'hui, sa capacité hors norme de faire naître sous sa plume des personnages extrèmement vivants et très bien décrits. J'avoue ne pas du tout avoir retrouvé la force suggestive du roman dans cette description de personnages, loin de là. Aucun des acteurs ne fait honneur à l'image que j'avais de Stu, Larry (que je n'imaginais pas de couleur, mais qu'est-ce qu'on en a à foutre hein ?) Frannie, Nadine ou Lloyd (n'importe quoi Lloyd...) et c'est donc déjà 50% de l'intérêt qui disparaît. Je ne suis pas contre faire évoluer les personnages mais là c'est raté. Juvi69, un autre commentateur décrit très bien ces décalages.

Les thématiques. On retrouvait dans le roman nombre des thématiques de King : le mysticisme, le manichéisme parfois sujet à retournement (les gentils peuvent être méchants, et inversement), une américanéité marquée, des relations amoureuses sans chichis, un rapport à la nature quasi animiste, et une représentation de la figure du mal très contrastée et matérialiste (mélange de mystique et trivialité). Admettons que ces thématiques sont bien présentes, mais en mode mineur (ou "raté", choisissez...), et si l'acteur qui joue Flagg s'en sort très bien, il y a quand même un côté "en toc" dans la façon dont ces thèmes sont portés. Je n'avais certainement pas cette vision grotesque de las vegas comme creuset de l'apocalypse en lisant le roman, et c'est sans doute la que j'ai définitivement décroché. J'ai eu l'impression de me retrouver dans les plus mauvais épisodes de Mad Max, avec une représentation du mal totalement stupide et niaise.

Hélas donc, une triste illustration de plus du manque de renouvellement des studios américains, et de la difficulté d'adapter certaines oeuvres (un exploit pourtant réussi avec "ça"). Je m'attaque à Castle Rock, on m'a dit que c'était mieux fait, et JJ Abrams mazette. Je croise les doigts.