Quand les arts martiaux s'invitent en mode buddy cop (et que les vilains ont mauvais goût)

Le Flic de Shanghaï, diffusé en 1998 sur CBS, c’est un peu comme un mélange entre Rush Hour et un cours d’arts martiaux à domicile, mais sans le budget d’Hollywood. On suit les aventures de Sammo Law, un inspecteur venu tout droit de Hong Kong, envoyé à Los Angeles pour lutter contre le crime avec style et quelques coups de pied rotatifs bien placés. Imaginez un Jackie Chan avec un sérieux penchant pour la justice et la sagesse zen, qui doit désormais jongler entre la loi américaine et ses méthodes chinoises bien plus efficaces... du moins, pour casser des têtes.


Le charme de la série repose sur son personnage principal, Sammo Law, incarné par le maître des arts martiaux Sammo Hung, qui joue ici une sorte de mentor bienveillant au tempérament impassible, mais capable de se transformer en tornade dès qu’un méchant surgit. Contrairement à la plupart des séries policières, Sammo utilise davantage ses poings que son arme à feu, et chaque épisode devient une excuse parfaite pour enchaîner les scènes de combat, qui mélangent chorégraphie soignée et humour. Car oui, Le Flic de Shanghaï ne se prend jamais trop au sérieux – Sammo distribue les baffes avec un calme presque amusé, comme s’il faisait de l’ordre dans une cour de récré.


À ses côtés, on retrouve une équipe de partenaires bien américains, qui font office de contraste comique avec l’efficacité imperturbable de Sammo. Il y a Dana, l’inspectrice aux répliques acérées, et Louis, le petit rigolo de service. Ensemble, ils forment un duo (ou trio) de choc qui allie humour, tensions culturelles, et situations improbables. Les interactions entre Sammo et ses collègues sont souvent décalées : eux sont pragmatiques et armés, lui est calme et adepte des proverbes et des arts martiaux. Cela donne un côté buddy cop comique à la série, même si parfois, les clichés culturels peuvent être un peu trop appuyés.


Chaque épisode suit une formule simple : une affaire criminelle, un vilain excentrique, et une série de combats de plus en plus invraisemblables. Les méchants de Le Flic de Shanghaï sont parfois si caricaturaux qu’on se demande s’ils viennent d’un film d’animation des années 80 : entre le trafiquant de drogue au look de mafieux et le hacker avec des lunettes de soleil, la série ne manque pas de stéréotypes. Mais c’est justement ce côté "cheap" et caricatural qui fait le charme des aventures de Sammo – les criminels sont presque toujours voués à la défaite dès que Sammo sort son fameux coup de pied sauté.


Visuellement, la série est un peu kitsch, mais l’action compense largement. Les scènes de combat sont les moments forts, filmées de manière dynamique et avec des chorégraphies inventives, même si elles donnent parfois l’impression d’être dans un film d’arts martiaux à petit budget. Les décors de Los Angeles servent surtout de toile de fond, et les intrigues policières sont souvent un simple prétexte pour voir Sammo se lancer dans un nouveau combat acrobatique. L’esthétique un peu datée ajoute un charme "années 90" indéniable, avec des tenues improbables et des décors souvent interchangeables.


Cependant, le schéma des épisodes peut devenir répétitif : chaque intrigue finit par se résoudre à coups de poing, et le côté buddy cop comique prend vite le dessus sur l’aspect policier. Les personnages secondaires, bien que divertissants, manquent un peu de profondeur, et les méchants sont souvent si peu mémorables qu’on les oublie avant la fin de l’épisode. Mais pour ceux qui regardent avant tout pour l’action et l’humour, ces petits défauts ne gâchent pas le plaisir.


En somme, Le Flic de Shanghaï est une série qui n’a pas peur d’être kitsch, avec son héros expert en arts martiaux et ses vilains tout droit sortis d’un dessin animé. C’est un pur divertissement, avec des combats, de l’humour, et un Sammo Hung toujours prêt à rétablir la justice avec calme et efficacité. Pour les amateurs de série policière classique, cela peut paraître un peu léger, mais pour ceux qui aiment les bonnes bagarres chorégraphiées et les buddy cops en mode décalé, c’est un petit plaisir coupable, tout en coups de pied retournés et répliques bien senties.

CinephageAiguise
6

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Créée

le 13 nov. 2024

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