Lente et inexorable agonie...
Le Grand Journal voulait se situer dans la lignée de son illustre prédécesseur, là où Philippe Gildas parvenait à proposer un programme relativement intéressant et différent du reste (les inénarrables gaudrioles de De Caunes n'y étaient pas pour rien).
Sauf que les impératifs de rentabilité, le retour croissant du politiquement correct dans les médias en France, le besoin de vendre de la publicité ont fait de ce programme un produit parfaitement formaté pour plaire au plus grand nombre sans jamais heurter personne. Il a pu disposer par moments de séquences amusantes mais il ne s’arrange pas avec les années, en dépit de l'arrivée supposée salvatrice d'Antoine De Caunes. Le malheureux n'est plus qu'une caricature de ce qu'il fût.
Ce programme m'apparaît comme la quintessence de ce que sont devenues la plupart des émissions de télévision sur les "grandes" chaînes" : du divertissement complètement superficiel.
Superficiel dans la rapidité avec laquelle s'enchaînent les séquences ;
Superficiel dans le peu de temps dont disposent les invités pour défendre leur point de vue (mais il ne défendent pas, ils vendent leur produit) ;
Superficiel dans le ton affiché (j'ai parfois eu tellement honte pour certaines miss météo que j'en ai zappé devant l'insupportable spectacle de leur médiocrité "d'actrice") ;
Superficiel dans le saute mouton perpétuel entre le grave et le léger : c'est d'une telle indécence parfois !
Superficiel dans la consanguinité affichée : on s'invite entre potes et on s'auto congratule en permanence ;
Cette émission n'est plus qu'une immense plage de publicité où tout n'est prétexte qu'à vendre divers produits.
Les producteurs semblent avoir bien compris que pour continuer à vendre leur lessive il fallait néanmoins laisser l'émission des Guignols au milieu de cette soupe : il n'y a plus que cela qui peut encore tenter le téléspectateur.
Attribuée à feu Jacques Chancel, une phrase qui me paraît d'une grande justesse explique que "la télévision ne devrait pas proposer ce qu'aiment les gens mais ce qu'ils pourraient apprécier". Evidemment, il parlait d'émission un peu plus culturelles.