The Book of Bayrou

Énorme déception que cette série, si courte et pourtant interminable. Presque de la colère même.

Comment le personnage de Boba a pu être loupé, saccagé, à ce point, malgré une littérature à son sujet assez importante et une vraie profondeur dans la mythologie de Star Wars.
On part du chasseur de primes le plus craint de l'univers pour arriver à un mec à moitié obèse incapable de faire quoique ce soit. Pourquoi, alors, faire une série sur un personnage comme lui, impitoyable et profondément égoïste, pour en faire un personnage 'tout gentil' et altruiste ? On pourrait aussi imaginer Dark Vador qui travaille dans une crèche, L'Empereur aux restos du coeur.

Il y avait pourtant matière, avec Boba Fett, d'avoir un scénario qui sorte de l'ordinaire, et une réalisation plus sombre, quitte à baser le récit sur les évènements antérieurs au Sarlac, pendant l'empire. Ça aurait eu de la gueule de le suivre face à Han Solo, aux rebelles, à travailler pour Dark Vador, plutôt qu'à le voir en proxénète de bas étage. Mais pour cela, il aurait sans doute fallu s'appuyer sur l'arc 'Légendes', que Disney a balayé d'un revers de la main.

Dans la série de livres pré-rachat par Disney, on le voit (trilogie Han Solo) se confronter à la naissance de la rébellion (escadron Main Rouge, de mémoire), envoyé aussi par l'Empire pour traquer Han Solo après avoir détruit la cash machine d'Ylesia.
Dans la série de livres 'La Guerre des Chasseurs de Primes', il apparaît comme la terreur absolue au sein des chasseurs de primes, se confrontant à Bossk, IG88 et j'en passe. On le voit frayer avec le prince Xizor, avec l'Empereur, avec Vador.

Là, c'est tout l'inverse, on a un ersatz de personnage ni héros ni antihéros, un bon centriste qui ne prend aucune décision, mou du genou et sans aucun charisme (l'acteur est vraiment mauvais), le tout accompagné une sacrée bande de bras cassés. Suffisant, cependant, pour écraser le syndicat du crime aux tireurs d'élite plus maladroits que des stormtroopers sous Xanax.

Dommage, ça partait pas si mal en nous laissant là où le film nous avait laissé, dans le Sarlacc. Mais très vite on s'emmerde, il ne se passe rien. Et là où Mandalorien savait flatter la rétine quand l'histoire patinait, Book of Boba est laid et tourne en rond. C'est parfois franchement moche, et globalement peu inspiré dans les décors et la direction artistique. Tout est pompé, il n'y a aucune idée neuve. Du Fan Service de bas étage, une convention de Cosplay ferait mieux.

On assiste à un recyclage perpétuel des décors et des persos de Mandalorian (ou de l'épisode 1, avec la course de pods), en moins bon. Pire, on dirait parfois une parodie avec l'humour désastreux tout le long du film (allez, on sauvera le majordome de ce bourbier parce que je ne suis pas difficile), y compris pendant les scènes d'action, lesquelles sont mollassonnes et sans aucune dramaturgie.
Là encore, Mandalorian ou Rogue One faisaient récemment bien mieux.
Dans cet ordre d'idée, la 'course-poursuite' en motos est une véritable atrocité. On est dans Star Wars, et les véhicules avancent à la vitesse d'une trottinette.

Le meilleur épisode a lieu sans Boba (un comble), mais au final ne sert pas à grand chose. On ôtera tout de même à l'arc Mandalorian les apparitions de la mécanicienne, imbuvable.

Pas grand chose à sauver, si ce n'est un plaisir coupable quand même à regarder un film, aussi loupé soit-il, dans l'univers de star Wars.