Même si la vision de l'intégrale de la cultissime série du "Prisonnier" fait découvrir une poignée d'épisodes indignes, à la limite du grotesque, il reste une vraie vision inspirée du totalitarisme, un humour désespéré et une interprétation vraiment méchante de Patrick McGoohan. Au-delà du fétichisme généré par les rituels minimalistes et hallucinants du Village, par la menace science-fictionnesque du "Rôdeur" et par la perversité d'un scénario qui déclenche d'inévitables pulsions sado-masochistes chez le téléspectateur, "le Prisonnier" dépasse ses maladresses formelles et son esthétique outrageusement sixties, et confirme sa réputation "d'expérience-limite"... que sa conclusion, incompréhensible et aberrante, ne ramène heureusement pas au statut de simple thriller. [Écrit en 2002]