Loin d'être contemporain de la série (donc peu légitime pour en parler), elle a été pour moi une vraie alternative aux séries populaires actuelles et à cette "Netflix culture" aux imaginaires impersonnels et aux productions surdimensionnées qui freinent toute tendresse pour la création derrière ces dernières. On y suit un agent secret britannique démissionnaire en captivité dans un village sur une île où chaque personne est désignée par un numéro (le numéro 1 étant inconnu). Au fil des épisodes, le numéro 2 et ses assistants essaient de connaitre la raison de cette mystérieuse démission. La série s'articule comme une énigme pour le Prisonnier (n°6) mais surtout pour le spectateur qui ne dispose d'aucun élément d'enquête initialement.
L'aspect série-concept constitue le charme majeur de la série ainsi les épisodes peuvent se consommer à l'unité et l'imaginaire de la série (village, numéros, Rôdeur, expressions cultes) est installé des les premiers épisodes. Malgré la discontinuité de la réalisation due à un changement de réalisateur (et de N°2) à chaque épisode, l'atmosphère tantôt psychédélique tantôt fantastique tantôt futuriste de la série n'est pas perdue. De plus, les thématiques abordées à travers chaque épisode et les diffèrentes tentatives d'évasion du n°6 sont, à mon sens, elles aussi futuristes pour une oeuvre populaire de l'époque : les sociétés de contrôle, l'intelligence artificielle, la publicité, les technologies comme instrument de manipulation et de torture mentale...
Et pourtant... le jeu tout droit sorti des 60's de McGoohan et des autres numéros a vieilli, la réalisation minimaliste et efficace n'est pas au goût de tout le monde et les scénarios sont souvent invraisemblables (donc fatals à la série en ces temps rationnels) mais cela ne suffit pas à nous ôter l'affection pour l'univers de Georges Markstein et du N°6 himself.
Oeuvre à découvrir avant qu'elle tombe irrémédiablement dans l'oubli.