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Il est toujours délicat de donner un avis sur une adaptation lorsqu'on connaît l’œuvre originelle, il m'est impossible de savoir quelle aurait été mon opinion si je découvrais cette histoire à travers la vision que nous en offre cette série. Alors certes, ma critique sera celle d'un lecteur qui sait où l'adaptation reste fidèle au livre et quand elle s'en éloigne, mais je ne suis pas pour autant de ceux qui s'offusquent lorsqu'on touche à la moindre ligne, loin de là.


Cette mise au point étant faite, je veux commencer par le début : comme dans le livre (dans sa publication en occident, et conformément à l'intention première de l'auteur), la série s'ouvre par une scène se passant en Chine durant la révolution culturelle. Cette partie de l'histoire est probablement la mieux réussie dans la série. De belles images qui nous plongent au cœur du quotidien cauchemardesque des citoyens chinois durant cette partie de leur histoire. Tout va trop vite, mais c'est malheureusement un des gros défauts de cette série, valable pour absolument tout.


Autres passages particulièrement agréables, les incursions dans le monde virtuel du "jeu vidéo" sont bien réalisées et très belles visuellement. Elles manquent un peu de fantaisie à mon goût mais restent l'un des points forts de l'adaptation, malheureusement si brèves que l'on peine à y voir une énigme mystérieuse qui fascine les scientifiques les plus brillants.


Outre ces deux lignes narratives un peu spéciales, le cœur de l'histoire peine à me convaincre. Les changements effectués par rapport au matériel de base ne sont malheureusement pas souvent pertinentes. Déplacer l'intrigue à Londres, pourquoi pas, mais surtout pourquoi ? On a si peu l'occasion de mettre en scène de la SF ailleurs que dans le monde occidental, c'était une occasion parfaite d'apporter une proposition différente et non de nous ramener toujours dans un contexte que l'on connaît.

Et surtout, surtout, pourquoi tous les personnages ayant un rôle important dans une intrigue dont les enjeux sont mondiaux doivent-ils tous habiter dans la même ville et se connaître ? Je suis très heureux que les scénaristes aient eu l'intelligence de mettre en place dès la première saison des histoires qui n'apparaissent que dans le deuxième et troisième tome, j'espérais que ça serait le cas, mais ces histoires se passaient toutes dans des lieux très différents, ce qui parvenait habilement à nous faire ressentir l'aspect planétaire de la crise à laquelle l'humanité est confrontée. Répartir les rôles différemment, féminiser des personnages sans raison, oui pourquoi pas, si vous voulez, ça ne me gêne pas. Mais intriquer tous ces personnages pour en faire une bande de potes, là je bloque. Si le but recherché était de rendre les personnages plus attachants et de donner plus de vie à l'histoire, cela n'a pas fonctionné avec moi, au contraire. Les personnages m'ont tous laissé plus ou moins indifférents, ce qui n'était pas le cas lorsque j'ai lu les livres. Le sentiment d'artificialité, en revanche, est omniprésent. La spécialiste des accélérateurs à particules devient soudainement celle qu'on vient chercher pour avoir une idée révolutionnaire en matière de voyage spatial ? Et son petit ami militaire, qui comme par hasard va faire partie de ceux qui vont fonder la première armée spatiale, a participé à une opération secrète menée à bien grâce aux microfibre inventés et produits par sa meilleure amie... Très crédible tout ça.


Autre problème majeur déjà évoqué : tout est beaucoup trop rapide. Le premier tome à lui seul méritait plus de huit épisodes pour offrir une adaptation à la hauteur de l'ambition des livres. Si on y rajoute en plus les différentes histoires des autres tomes qui se passent dans la même temporalité, on n'a évidemment pas le temps de faire avancer l'histoire à un rythme soutenable. Tout reste malgré tout probablement compréhensible même lorsqu'on n'a pas lu les livres, mais là n'est pas le soucis. Je ne pense pas que ça aille trop vite pour qu'on comprenne, ça va par contre vraiment trop vite pour qu'on ressente quelque chose.


J'attendais cette série avec impatience, et fort heureusement ça n'est pas le naufrage total de Foundation, je prends du plaisir par moments, mais il me faut bien admettre malgré tout que cette adaptation me déçoit beaucoup. Entre cette version Netflix où tout passe en accéléré et où les personnages sont tous des amis de fac, et la version Tencent aux lourdeurs de réalisation si insupportables que je n'ai pas pu voir plus de deux épisodes, Le problème à trois corps ne semble pas avoir beaucoup de chance avec le petit écran.


Petite précision : je n'ai vu que 6 épisodes à l'heure où j'écris ces lignes, mais il me semble peu probable que les épisodes suivants puissent me faire revenir sur ma critique.

tokidoki
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le 24 mars 2024

Critique lue 168 fois

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