Le Secret d'Elise
6.9
Le Secret d'Elise

Série TF1 (2016)

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Cet étonnant coup de coeur pour une série "française"..

Généralement, je ne suis pas une grande adepte des séries françaises, dont je n’aime que moyennement l’esthétique, et le côté dramatique de leur histoire souvent répétitive. J’ai pourtant découvert la semaine dernière cette exception qui confirme la règle – comme ils disent. Et la surprise m’est venu du Secret d’Elise, réalisé par Alexandre Laurent et sorti en France en 2016. Curieuse mais dubitative, je me suis laissée tentée, et me suis retrouvée entraînée par ces épisodes que j’ai dévoré les uns après les autres pendant une semaine, véritablement séduite par cette atmosphère particulière qui s’en dégage, par ses personnages – et ses excellents acteurs – par l’intrigue.


Une histoire sur trois générations


Une particularité de la série, un pari risqué aussi, est cette succession de trois générations qui s’entrecroisent au fil des épisodes. Nous retrouvons la première, celle des Letilleul, en 1969. C’est à cette date que se déroule le drame qui affectera des années plus tard les nouveaux locataires de la maison de Bellerive. Ce drame, c’est la noyade d’Elise, cette jeune fille blonde qui court au milieu des marais sur cette image qui se répète à chaque épisode et que vous aurez probablement croisée déjà, peut-être sans vraiment la remarquer. Le mystère qui entoure sa disparition entraîne sa mère dans un combat sans fin, destructeur, pour comprendre ce qui est arrivé ce jour, pour trouver un responsable à cet accident intolérable. Une quête qui continue d’être menée deux générations plus tard.


Nous retrouvons en effet, en 1986, les Marsy, venus s’installer récemment dans cette immense maison avec leurs deux enfants. Très vite, la plus jeune, Valentine, se découvre une amie que les parents pensent d’abord « imaginaire », qu’elle appelle Elise et à qui elle parle à longueur de journée. Nous sommes à la fin des années soixante-dix, la déco en témoigne, les habits colorés des protagonistes également.


Un peu plus tard, en 2015 cette fois-ci, ce sont Yanis et Julie Ramza que nous retrouvons alors que cette dernière est enceinte et sur le point d’accoucher d’une petite… Elise. Ici, point d’enfant pour occuper le fantôme de la jeune fille aux long cheveux dorés, mais des phénomènes étranges qui interpèlent la future mère. Le papier peint qui se décolle au milieu de la nuit pour révéler son nom, camouflé depuis des années par la volonté de l’oublier. Des bruits, des pas, de l’eau ici et là.


Trois générations se succèdent donc dans cette immense demeure, ils connaissent chacun leur histoire, leurs drames, leurs querelles et leurs amours. Des amours contrariés d’ailleurs, par la permanence d’un passé renouvelé : c’est là ce qui fait tenir cette valse des générations, la permanence d’un village où le temps semble aller au ralenti, où les souvenirs prennent vie, où les questions sans réponse ne cessent de résonner dans ces mémoires anesthésiées.


L’intemporalité de Bellerive


A travers cette succession de familles et d’histoires se révèle l’intemporalité de ces vies qui se répètent, et la survivance du drame qui imprègne malgré eux ces couples venus donner vie à un héritage oublié.


La noyade d’Elise reste un mystère irrésolu qui vient se rappeler à la mémoire de ceux qui restent. La jeune fille se manifeste à travers la benjamine de la famille Marcy, dont l’imagination à outrance inquiète les parents et qui viendra remuer les non-dits de cette banale famille des années soixante-dix. Elle tente également de se faire entendre par la jeune maman bouleversée par un autre passé qui vient menacer le jeune couple fragile.


Parce qu’au delà du drame, il y a la survivance d’histoires inabouties, de rencontres avortées, de regrets ravivés. Il y a Ariane, la mère d’Elise, qui revient des années plus tard terminer une enquête qui été clôturée trop tôt. Ariane, qui vient de perdre son mari, qui a désormais les cheveux blancs et des rides aux coins des yeux, qui revient dans la maison de sa jeunesse, qui se mêle au quotidien d’un jeune couple ignorant du passé qu’ils font renaître. Il y aussi Catherine, meilleure amie de la petite Elise, que l’on retrouve à chaque génération et qui est au coeur d’un triangle amoureux qui jamais ne prend fin. Et surtout, il y a cette maison, cette maison emprunte de mille et un détails qui sont autant d’indices pour les familles héritières. Cette maison dont le papier peint ne fait que recouvrir un passé que l’on désire enfouir, mais qu’il suffira de décoller pour en révéler la survivance après toutes ces années.


L’histoire de nos familles


J’ai aimé cette série parce qu’elle m’a plongée des années en arrière, parce que j’ai cru pouvoir y mêler ma jeunesse à celle de ma mère. Voyager à travers le temps et mettre en parallèle des enfances croisées, différentes en apparence mais marquées par les mêmes soucis, par les mêmes histoires de famille, par les mêmes éclats de rire.


Ces histoires qui s’entrecroisent sont celles de toutes ces familles en apparence si sereines et qui ont pourtant bien souvent des secrets plus ou moins habilement maquillés, des querelles, des passés destructeurs.


J’ai aimé l’atmosphère qui se dégageait de ces épisodes, les couleurs des images, l’ambiance de cette maison immense dans laquelle j’aimais me balader avec ces personnages, faire glisser ma main sur ses murs de papiers peints, traîner mes pieds dans ses escaliers sans fin, sentir cette odeur de bois, de poussière, de maison de campagne. Je me suis attachées à ces familles désarmées, à ses parents inquiets, à ses enfants tourmentés comme je l’ai moi-même été.


Bien sûr, il y a des défauts à cette série. Il y a pas mal de petites incohérences, et quand il n’y en pas, c’est un dénouement temporaire trop évident, une scène convenue, une réaction déjà vue. Parfois, j’ai réprimé avec difficulté un sourire, mais toujours, j’ai poursuivi cette aventure, jusqu’à en arriver à son terme, charmée, touchée. Séduite.


Les épisodes durent moins d’une heure, et il n’y en a que six en tout, autrement dit, vous serez vite arrivés au bout. Je vous recommande cette série, ne serait-ce que par curiosité, pour avoir une idée nouvelle de ce que peut être une série française (en réalité adaptée de Marchlands, une série britannique sortie en 2011…). Mais aussi pour rencontrer cette pelletée de bons acteurs, pour voir Bénabar pleurer de désespoir, découvrir Julia Piaton, époustouflante dans la rôle de la mère d’Elise, et retrouver aussi Bruno Salomone, Sophie Bounicot, ou Marie-Christine Adam, très touchante ici et que je découvre avec plaisir.

Camille_D
8
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le 15 mars 2016

Critique lue 951 fois

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Camille_D

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