En ce qui me concerne j'ai pris plus de plaisir à lire les critiques de cette série qu’à la regarder à tel point que pour avoir le fin mot de l’histoire j’ai fini par regarder les épisodes en accéléré, chose que je fais souvent lorsque je regarde un mauvais Blockbuster dont je veux connaitre le dénouement tout en voulant apprécier (ou pas) un ou deux effets spéciaux sur le chemin, ce qui donne une bonne idée de l’intérêt que j’ai porté à cette série.

La plus grosse faiblesse de la série est de loin la pauvreté de son écriture : dialogues, scénarios, scènes et personnages.
 C’est fainéant, peu cohérent et si vous lui mêlez la sorte d’autosatisfaction dans la réalisation cela rend parfois le tout franchement ridicule.


L’écriture des personnages est fainéante : Galadriel nous est antipathique par son orgueil et son manque d’empathie alors qu’elle est censée être bonne et vertueuse.

Les elfes se croient dans Game Of Thrones, ils manigances des jeux de pouvoir avec les nains avec de la bonne politique politicienne, ils sont intéressés, peu sages et parfois carrément mal intentionnés (ils humilient une petite fille et elle tabasse un enfant près d’un ruisseau...elle dira plus tard à Adar qu’elle va éradiquer sa race de la surface de la terre…) alors qu’ils sont censés êtres des êtres purs, amoureux des arts et de la beauté et qu’ils vivent de surcroit dans un équivalent du paradis.

L’écriture des dialogues est fainéante : Premièrement c’est souvent des dialogues questions/réponses sans motivations d’arrière plan, il n’y a jamais de sous-texte et les scènes sont bien découpés entre les scènes d’actions où on montre quelque chose et les scènes de dialogues où on ne montre rien, si ce n’est un échange en gros plan, même angle.

Très basique donc, on nous prend par la main pour qu’on comprenne bien et on nous prend surtout pour des cons.

Ça laisse peu de place au jeu pour les acteurs à leur décharge car tout est paraphrasé.


Les paroles sont joyeuses -> émotion visible : joie -> réaction des autres : joie -> musique : joie

Les paroles sont tristes -> émotion visible : tristesse -> réaction des autres : tristesse -> musique : tristesse

Dans mon souvenir certains personnages décrivent même ce qu’ils font « tiens, là, je désobéis à une règle pour aller cueillir des framboises », pas le plus exaltant à jouer j’imagine.


Le regard profond d’un personnage pour réciter des analogies qui n’ont aucun sens ça peut mettre à mal votre trêve de l'incrédulité chère à la narratologie. Ça vous laisse un peu dérouté, un peu incrédule pour être exact.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi se gargarise t-il de mauvaise poésie même pas esthétique ? La poésie doit elle ne pas avoir de sens et être forcément vague ? »


Ça me remémore les mots de Paul Valéry :

« La plupart des hommes ont une idée si vague de la poésie que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie. »



Et étant un grand féru de poésie justement cette écriture ridicule qui s’excuse par un appel à « la Poésie transcendante à laquelle on ne doit pas chercher de sens sous peine de la vexer » ne prend pas du tout sur moi.

L’écriture du scénario est fainéante : 
La caméra saute d’une intrigue à une autre sans que cela n’ait vraiment de sens, elle s’éternise à nous montrer des choses inintéressantes au possible (ça sert à peine le développement des personnages et encore de façon souvent très maladroite et mal amenée).

Alors oui c’est un tord partagé par une grande majorité de séries sous seul prétexte que « on a cinq saisons de dix heures chacune, c’est pas comme le cinéma on est pas vraiment contraint par le temps pour raconter notre histoire »

Mais il ne faut pas confondre lenteur et vacuité, la lenteur c’est un procédé narratif pour construire de la tension, de la profondeur, de l’enjeu au choix mais ce n’est pas pour faire perdre son temps au spectateur, si tant de personnes semblent s’être ennuyées ce n’est pas à mon avis parce que la série est lente mais parce que cette lenteur ne sert à rien, ne dessert aucune trame narrative, cette lenteur ne construit rien et cela se sent de loin.

Une grande partie des scènes présentées semblent effectivement pouvoir être supprimées sans que l’histoire ne s’en porte mal…

Et alors on pourrait se dire que c’est un choix narratif, de prendre son temps (ou de le perdre) sur l’avancée de l’histoire, l’éparpillement sur des idées annexes peu corrélées les unes avec les autres 
mais le dernier épisode va vous surprendre, on passe la vitesse lumière et voilà qu’en quarante minutes toutes les intrigues sont résolues.

On change de style de narration et on ne sait même plus lequel préférer.


Pour le coup on ne peut pas dire que le dernier épisode soit lent, il va tellement vite qu’on a même pas le temps d’apprécier quoi que ce soit, aucune tension narrative, aucune lenteur pour faire monter la pression, juste on nous balance à la figure le dénouement (et si vite qu’on à presque l’impression de lire un synopsis)

« C’est moi Sauron ! et puis ça y est les anneaux sont forgés ! et ça y est je me réveille, j'apprends à parler et je décide que je suis un magicien blanc ! »

Waw, ça décoiffe mais l’histoire parait finir avant même d’avoir commencé...

Pour finir le reste ne rattrape malheureusement pas les lacunes déjà citées plus haut : Certains plans sont objectivement jolis mais beaucoup de scènes sont filmées comme un sitcom. 
Les grands plans en CGI font parfois illusions et parfois non (l’arbre d’Elden Ring ?)

Au global ça ne se démarque pas de ce qu’on a l’habitude voir et c’est assez dommage de se dire que la photographie est médiocre malgré le matériel de base ; des prairies, des montagnes, des villages, des cités médiévales…
(Severance nous sort des plans bien plus beaux en filmant des bureaux monochromes…)



Les costumes sont globalement fainéants : les armures en plastiques qui font ultra-fausses…les sorcières transgenres aux lentilles blanches qui ont recylclées les armures du film Aquaman…



Le jeu d’acteur ne sauve rien, je ne dirais pas qu’ils sont particulièrement mauvais car certains doivent se coltiner des personnages et des scènes écris avec les pieds, certains je pense ont même du potentiel (Arondir, Durin, Celebrimbor même Nori) malheureusement la direction des acteurs et le scénarios jouent contre eux et ne les aident pas à se révéler donc il n’y aucune fulgurances de ce côté là non plus.


Certaines scènes sont même carrément loupées je pense (un acteur avec le jeu d’une planche de bois parle à un acteur avec le jeu d’une planche de bois), se louper ça arrive mais ils ont décidé de les garder quand même ce qui est plus inquiétant et qui en dit long sur leur niveau d’exigence.

« Après tout on est dans une série, la qualité sera noyée dans la quantité quoi qu’il arrive ! »

Pour conclure : La série dispose de l’arsenal des films à gros budgets (composé majoritairement d’effets spéciaux) mais arrive à peine à être médiocre comme beaucoup d’entre eux, je mets 4/10 ici car je pense que cette série est l’exemple même de la médiocrité pondue par des millions de dollars qu'on se bouffe à longueur d’années depuis une bonne décennie maintenant.

Qu’ils se rassurent je pense qu’ils rentreront dans leurs objectifs d’audience pour être rentables et c’est sans doute ça qu’il leur est de plus important ; ce qui ne me rassure pas en revanche c’est que ce genre de production n’est a priori pas prêt de finir puisque c’est un business model qui a maintenant fait ses preuves.

Le moyen on le bouffe et puis on demandera pas à être remboursé.

L’avalanche de critiques négatives que cette série a reçu vient sans doute du ras-le-bol de cette soupe tiède resservie chaque année.

Et puis c’est vrai que quand on nous répète à longueur de journée que tout ce merdier a coûté prêt d’un milliard de dollars ça fait légèrement grincer des dents.

Créée

le 18 oct. 2022

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