Palantir

Sauron poursuit la création des anneaux avec l'aide de Celebrimbor, tombé sous son emprise. Les Elfes ainsi que l'armée d'Adar veulent lui faire la peau. Pendant ce temps en Terre du Milieu, des gens font des trucs et des machins.

Tout cela est particulièrement laborieux. À l'exception de l'arc principal centré sur les elfes, ça n'avance pas, la léthargie nous gagne. Certains segments ont un aspect carrément punitif. On aperçoit une brique de Numénor et on pleure, c'est l'ennui garanti pendant 10 minutes. L'œil torve d'Isildur et c'est une telenovela poussive qui s'abat sur nous. On frémit à chaque changement de scène : "pitié, pas les hobbits joufflus dégueulasses..."

Et vu qu'on n'a rien à raconter, aucune vision à partager, on pioche dans les valeurs sûres cambelliennes. Gandalf se retrouve ainsi littéralement téléporté dans l'intrigue de l'Empire contre-attaque. C'est l'étape du mentor qui met le héros sur le chemin de l'aventure. À Numenor, on lorgne plutôt vers Game of Thrones. C'est le ventre de la baleine. On a déjà vu tout ça (1001 fois) mais en beaucoup mieux.

Le plus embêtant dans toute cette histoire, c'est la démythification qui en résulte. Sauron passe d'une menace sourde et omniprésente, allégorie du mal à un simple immortel manipulateur à l'œil humide. Galadriel d'une souveraine elfe sage, éthérée et mystérieuse à une guerrière revancharde constamment à côté de la plaque (à tel point qu'on se demande si les créateurs du show n'ont pas pris en compte son impopularité auprès du public). Gandalf n'est plus un messager clairvoyant mais un être égaré en quête d'un bâton. La fresque intemporelle peinte par Tolkien cède la place à des personnages qui se débattent avec leurs petits problèmes. Tout est nivelé vers le bas, il y a un vrai manque d'ampleur.

Alors oui, maintenant on sait comment on été forgés les anneaux. Ou comment les nains ont réveillé l'ombre et la flamme. On avait envie d'entendre ces histoires, on a mordu à l'hameçon comme des gros naïfs et pour être franc, on mordra encore sûrement pour la saison 3 même si on se doute que ce sera naze, à la recherche d'une petite bribe d'histoire un peu excitante, d'une légère étincelle créative perdue dans ce marasme. C'est le drame de ces grosses franchises : elles n'ont même plus besoin d'être de qualité, les producteurs savent qu'on prendra notre pioche pour aller miner dans la fange jusqu'à atteindre le Balrog du dégoût complet et total.

Rongés par le Palantir d'Amazon.